Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1876, série 7, volume 10)

EMPLOI EXCLUSIF DES RAILS D'ACIER

PAR LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER.

guerre de 1870 éclata, c'est en France que les tendances à la baisse se manifestaient le plus ouvertement. La guerre, en faisant un usage violent des chemins de fer, et en supprimant en même temps pendant près d'une année la production de deux grands pays, devait amener la période trop prospère dont nous avons déjà signalé les effets. Les prix montent à des hauteurs inespérées; mais, hélas ! le nombre des usines monte avec eux, plus vite qu'eux encore, et c'est ainsi que par suite d'une concurrence effrénée, les Allemands arrivèrent par une baisse progressive à offrir au commencement de 1876 les rails Bessemer à près de oo francs la tonne à l'usine, tandis que les Anglais, les Autrichiens et les Français, montrant un peu plus de fermeté, traitent à des prix compris entre 220 et 260 francs, mais sans jamais atteindre ce prix de 5oo francs, considéré longtemps comme la limite des concessions possibles. Le prix des rails Bessemer s'est donc fort rapproché de celui des rails en fer et même, dans certains pays, est descendu au-dessous de ce qu'a été ce prix dans les, années prospères. Ce fait n'aurait rien de surprenant si les fontes avec lesquelles les rails en fer sont fabriqués pouvaient être toutes indistinctement employées à la production du métal Bessemer. En effet, la dépense à faire pour passer de la fonte au lingot Bessemer prêt à être laminé n'est point supérieure, dans les ateliers bien montés, à celle qui résulte de la transformation de la même fonte d'abord en fer puddlé, puis en un paquet composé en partie de minbars

que tous les minerais puissent être indistinctement utilisés à la fabrication de la fonte Bessemer. 11 faut pour celle-ci

et en partie de fer corroyé. Le réchauffage d'un lingot Bessemer, avec des fours bien construits, exige moins de combustible que celui d'un paquet pour rails en fer, et la main-d'oeuvre du laminage est égale dans les deux cas. Les frais de fabrication sont donc à l'avantage du rail Bessemer; mais il est un autre facteur du prix de revient dont l'influence est grande, c'est la qualité et par suite le prix de la matière première employée. Il s'en faut de beaucoup

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des minerais qui soient à la fois riches et purs: riches, parce que s'ils ne remplissent pas cette condition, si la teneur moyenne du lit de fusion n'est pas d'au moins 4o p. 100, la quantité de laitier produite est trop considérable par rapport à la quantité de fonte, et que celle-ci ayant, par suite de la réduction partielle des éléments de ce laitier dans l'allure chaude nécessaire à la fabrication, une

trop forte teneur en silicium et en métaux terreux, fait trop de déchet dans la cornue, et donne, en outre, un pro< duit supportant peu la chaleur et difficilement laminable ;

purs, parce que si les fontes produites contiennent une quantité notable de soufre ou de cuivre, elles donnent des produits rouverains, si elles contiennent une proportion notable de phosphore des produits cassants à froid. Comme les minerais propres à la fabrication de la fonte Bessemer, même s'ils sont riches et purs, doivent en outre posséder une certaine teneur en manganèse, on voit à quelles conditions multiples le lit de fusion doit satisfaire. Aussi peut-on dire sans exagération que la plupart des minerais répandus à la surface de l'Europe sont, au moins

dans l'état actuel de l'art métallurgique, impropres à la fabrication de l'acier. Tous les essais faits avec les Blackbands de l'Angleterre, les minerais oolithiques du Luxembourg et de la Moselle, les minerais divers du centre de la France, de la Bohême et de la Silésie, n'ont donné que des résultats négatifs ou insuffisants. Par contre, les précieux minerais d'Afrique et d'Espagne se répandent sur la surface entière de la France, pénètrent même en Belgique et sur les bords du Rhin ; les minerais spathiques dc Styrie entrent en Bohême et envahissent déjà la Silésie pour alimenter un .certain nombre d'usines allemandes. On voit, en un mot, les minerais reconnus comme par-

ticulièrement favorables à la fabrication de l'acier par-