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EXPLICATION DES PHÉNOMÈNES OPTIQUES ANOMAUX

étroites, les unes parallèles, les autres à peu près perpendiculaires au clivages g'. Cette description dont j'emprunte presque tous les termes au mémoire de M. Des Cloizeaux, rappelle les phénomènes

que l'on a si souvent rencontrés, et que manifestent, par exemple, certaines variétés de grenat, la plupart des cristaux de fluorine, les plages uniaxes de l'apophyllite, etc. Ces phénomènes s'expliquent aisément en admettant que le réseau du feldspath à base de potasse est triclinique, comme celui du feldspath à base de soude, dont il ne diffère que par de légères variations dans les angles fondamentaux, et que l'orthose clinorhombique dérive de ce réseau triclinique à forme-limite, grâce aux assemblages dont il est susceptible. Il est aisé de voir, en effet, que les échantillons les plus purs d'orthose présentent des traces du réseau triclinique fondamental. J'ai découpé dans de petits cristaux limpides d'adulaire de Saint-Gothard, des lames perpendiculaires à l'arête mm. Ces lames minces, vues à la lumière polarisée, présentent un aspect dont la fig. 61, Pl. III, peut donner une idée.

Le rhombe montre vers les angles aigus quatre secteurs a,, b, a', 11, limités par des parallèles aux diagonales et à peu près homogènes. Les deux secteurs a et a', opposés

par le centre, s'éteignent presque en même temps, et il en est de même des secteurs b, Les secteurs a, a' s'éteignent suivant une direction qui fait avec la petite diagonale du rhombe un angle de 2 à 30 dans

le sens rétrograde ; les secteurs b, 11 s'éteignent suivant une droite faisant, avec la même diagonale, le même angle dans le sens direct. La partie médiane de la lame fait voir une sorte de quadrillage, formé par des bandelettes parallèles aux deux diagonales du rhombe. Ces bandelettes, qui se fonden d'ailleurs les unes clans les autres, s'éteignent suivant des

DANS DES SUBSTANCES CRISTALLISÉES.

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directions très-voisines de celles de la petite diagonale du rhombe. et on ne parvient à les distinguer qu'en tournant avec précaution la lame sur le porte objet du microscope, de part et d'autre de l'azimut qui correspond au parallélisme du plan de polarisation du polariseur et de la petite diagonale. Les cristaux d'adulaire du Saint-Gothard présentent donc un véritable passage du microcline à l'orthose théoriquement homogène.

Ce sont ces passages qui ne permettent pas, à men avis, de séparer en deux espèces différentes le microcline et l'orthose. Si l'on voulait faire une semblable séparation, on serait nécessairement obligé de la faire aussi pour le grenat, pour l'apophyllite, et en général pour toutes les substances que j'ai étudiées dans ce mémoire. Ce serait rendre la science inextricable, car les espèces ainsi distinguées étant toujours mélangées, ne pourraient se distinguer les unes des autres que par un examen optique délicat. M. Des Cloizeaux a remarqué que l'albite pouvait se mélanger à l'orthose et au microcline. Un semblable mélange n'a rien que de conforme aux principes, puisque l'albite et le microcline ont des formes très-voisines. Ce mélange, qu'il vaudrait mieux appeler une inclusion, se fait d'ailleurs suivant les règles que j'ai établies pour les assemblages cristallins. Ces inclusions d'albite, qui forment des espèces de filons, sont des bandes hémitropes dont l'axe psendobinaire est parallèle à l'axe binaire de l'orthose.

Je terminerai par une remarque qui rentre naturellement dans mon sujet. Le plus grand nombre des cristaux d'orthose présentent une hémitropie singulière qui se fait, non par une rotation de 1800 autour d'une normale à une face (ce qui est le seul cas régulier de l'hémitropie), mais par une rotation de 8o° autour de l'arête verticale h. Les deux moitiés du cristal, au lieu d'être séparées par une surface plane, se pénètrent au contraire irrégulièrement et d'une manière plus ou moins intime.