Annales des Mines (1876, série 7, volume 10)
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EXPLICATION DES PHÉNOMÈNES OPTIQUES ANOMAUX
soumis sont bien celles qu'indiquait la théorie. Or,
DANS DES SUBSTANCES CRISTALLISÉES. les
substances polymorphes ont, ainsi que cela est connu depuis longtemps, des formes-limites ; elles doivent donc présenter les phénomènes qui d'après la théorie sont une conséquence de cette nature particulière de la forme primitive. Mais au nombre de ces phénomènes se trouve précisément le polymorphisme ; on ne saurait donc douter, il me semble, que le polymorphisme des substances eu question ne soit réellement dû à la symétrie-limite de la forme primitive et aux conséquences qu'elle entraîne. Je crois donc pouvoir, sans témérité et sans m'exposer au reproche d'une généralisation trop hâtive, avancer
que l'un des résultats de mon travail, et à coup sûr l'un des plus intéressants, est de montrer que les substances qui présentent le polymorphisme ne le doivent qu'a des combinaisons multiples d'un seul et même réseau cristallin. Une même substance chimique possède donc toujours le même réseau cristallin dont la structure se trouve être ainsi une des propriétés les plus essentielles de la matière.
C'est ainsi que la science se trouve ramenée, non sans lui avoir fait subir de profondes modifications, au principe formulé par Haüy, et que les découvertes de Mitscherlich n'avaient pas réussi à lui faire abandonner. Sans insister davantage sur l'intérêt évident que cette conclusion présente relativement à nos idées sur la constitution -intérieure de la matière, je puis formuler comme il suit les conséquences auxquelles m'ont conduit mes recherches: Un grand nombre de faits qui paraissaient jusqu'ici sans aucun lien, à savoir, la production de groupements cristallins ne rentrant pas dans la définition de l'hémitropie régulière et semblables à ceux de l'aragonite; les phénomènes désignés par M. Scacchi, sous les noms de polysymétrie et de polyédrie ; les anomalies optiques signalées par Brewster, étudiées par Biot, rencontrées dans un nombre considérable
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de substances, et jusqu'ici inexpliquées ; enfin la propriété du
polymorphisme, ne sont que les conséquences multiples d'un seul fait primordial, celui de l'isomorphisme, c' est-à-dire
de la faculté que possèdent des molécules intégrantes, non point identiques, mais peu différentes les unes des autres, d'entrer dans la construction d'un même édifice cristallin. Il est vrai que la difficulté ne se trouve ainsi que reculée, et que nous ignorons toujours pourquoi les molécules
possèdent cette faculté de l'isomorphisme , et quel est l'artifice que la nature emploie pour la mettre en oeuvre. Mais c'est le sort commun de toutes les explications scientifiques de se borner à nous apprendre, comme l'a dit un éloquent philosophe, à dériver l'ignorance de sa source la plus élevée.,
Nos conclusions font naître encore un autre problème. Le nombre des substances qui montrent les phénomènes caractéristiques des réseaux à symétrie-limite est extrêmement considérable, et s'accroîtra certainement encore. Dès maintenant on peut dire qu'il y a bien peu de cristaux cubiques, s'il y en a, qui ne présentent des anomalies optiques du genre de celles que j'ai étudiées dans l'amphigène, le grenat, l'analcime, etc. ; il en est de même pour les cristaux hexagonaux, rhomboédriques ou quadratiques, etc. Il semble ainsi que l'on doive être conduit un jour à reconnaître que s'il n'y a pas de réseau cristallin possédant rigoureusement un seul élément de symétrie, tous possèdent d'une manière approchée un ou plusieurs de ces éléments, tous ont une symétrie-limite. Quoi qu'il en soit des découvertes que l'avenir nous réserve sur ce, point, on peut se demander quelle est la sou qui donne aux réseaux cristallins une structure Si singulière et si contraire à celle qu'on pouvait se figurer a priori. Les réponses que l'on pourrait faire à cette question seraient toutes aujourd'hui bien hypothétiques, et il serait sans utilité de les discuter ; mais il m'a parai néces-