Annales des Mines (1876, série 7, volume 10)
Page : Image 109
Révision de 27 janv. 2015 23:30:08, edited by Anonymes
204
A LA VILLETTE.
EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR
205
et de blessures, il en est d'autres où les déchirures n'ont
donné lieu qu'a des vidanges de chaudières et à des chômages d'ateliers et qui n'ont pas été portés à la connaissance
OBSERVATIONS.
La formation de dépôts savonneux calcaires isolants
par
l'emploi simultané ou intermittent d'eaux naturelles et d'eaux grasses résultant de la condensation de vapeur est donc la cause à laquelle les ingénieurs du service de la surveillance ont rapporté l'accident qui est en ce moment soumis à l'examen de la Commission. Cette formation paraît avoir été constatée pour la première fois il y a une quinzaine d'annéesenviron ; mais ce fait et ses conséquences n'ont reçu quelque publicité qu'en 1865, en Allemagne, et deux ans après en France, où ils ont donné lieu pendant l'année 1867 à une communication à la société des ingénieurs civils et à deux articles publiés dans le Tecknologiste. Toutefois, ils sont encore peu connus de la plupart des constructeurs ou industriels, ou du moins s'ils le sont, les précautions que leur connaissance devrait entraî-
ner sont loin d'être toujours prises, notamment dans les nouvelles fabriques de sucre qui font usage de graisses et de beurres dans certains de leurs appareils d'élaboration et qui utilisent les vapeurs qui en proviennent. Nous avons déjà indiqué ce fait à la Commission au sujet de l'explosion arrivée le i octobre 1875 à la sucrerie de Savy-Berlette (Pas-de-Calais). Cette explosion a été expliquée par un coup de feu ; mais la cause qui a déterminé ce coup de feu n'a pas été précisée; il nous parut probable qu'il s'était passé dans la cir-
constance un phénomène de la nature de celui qui nous occupe en ce moment. Il en est vraisemblablement de même
pour d'autres explosions arrivées dans d'autres sucreries, toujours aux coups de feu des chaudières, et qui ont été attribuées, très-probablement à tort, à des défauts d'alimentation. Mais indépendamment de ces accidents suivis de morts
de l'administration puisqu'ils n'avaient pas fait de victimes.
Leur nombre nous est inconnu, mais il doit être relativement important à en juger par les résultats. qu'ont fournis quAques. recherches que nous avons faites à ce sujet, d'après les instructions de la Commission, et qui n'embrassent qu'une période de deux ou trois ans. C'est ainsi que pendant la campagne de 871 une sucrerie établie dans la Marne et 'qui emploie couramment douze chaudières, a eu successivement seize ruptures aux coups de feu; qu'une autre, dans le département d'Eure-et-Loir, en a eu onze en 1875, dans les deux premiers mois de son installation.
Les eaux de condensation étaient constituées par un mélange d'eaux calcaires artésiennes ou de rivière, et d'eaux plus ou moins graisseuses provenant de la condensation des vapeurs de la machine et des appareils à triple effet. Le dépôt de sel gras calcaire pulvérulent a été constaté dans les deux' établisse munis.
Les accidents ont cessé et le sel ne s'est plus formé dès que le mélange n'a plus eu lieu.
A la suite de ces faits, qui s'étaient passés dans le sousarrondissement minéralogique confié à M. Michel Lévy, cet
ingénieur s'est empressé d'appeler l'attention de tous les fabricants de sucre établis dans son ressort sur les dangers de ce mode d'alimentation et sur la manière de les éviter. C'est même aux indications données par M.. Michel Lévy que l'un d'eux a dû de pouvoir faire cesser les avaries continuelles qui frappaient ses générateurs depuis le commencement de la campagne. Dans le département des Ardennes, deux sucreries ont eu les foyers de leurs chaudières plusieurs fois remplacés pen-
dant ces dernières années; ces accidents ne sé sont plus