Annales des Mines (1879, série 7, volume 15)
Page : Image 35
Révision de 13 janv. 2015 21:47:59, edited by Anonymes
A GRANDE .DISTANCE, AU MOYEN DE L'ÉLECTRICITÉ.
54
TRANSMISSION ET DISTRIBUTION DES FORCES MOTRICES
DE LA TRANSMISSION ET DE LA
DISTRIBUTION DES FORCES MOTRICES A GRANDE DISTANCE AU MOYEN DEVÉLECTRICITE
Par M. A. ACHARD, ingénieur, ancien élève externe de l'École des mines.
L On sait que la production du travail par l'électricité de la pile est fort dispendieuse, et que les moteurs électriques sont, au point de vue de l'économie, très-inférieurs aux moteurs thermiques, tout ,en étant susceptibles d'un rendement mécanique plus élevé. La raison en est que la consommation à laquelle on rapporte le rendement est représentée, pour ceux-ci par du charbon, pour ceux-là par un métal (en pratique le zinc) dont l'oxydation donne lieu à un travail chimique positif qui est la source de l'énergie mécanique du courant de la pile, et que ce métal, devant être doué par cela même d'affinités énergiques, ne peut exister dans la nature à l'état libre, et doit être extrait ses combinaisons. Il en résulte que la artificiellement supériorité de rendement des moteurs électriques est beaucoup plus que compensée par le surplus de coût de la matière qu'ils emploient. Aussi, en tant qu'alimentés par le courant de la pile, ils ne peuvent jouer aucun rôle industriel, et ne trouvent d'application que dans des cas trèsexceptionnels oà l'économie n'est pas prise en considération. Mais la pile n'est pas le seul moyen qui permette de produire un courant électrique. La découverte de l'induction a révélé la possibilité d'obtenir des courants par une dé-
55
pense de travail mécanique ordinaire et a permis de construire, sous le nom de machines d'induction ou machines magnéto-électriques, des appareils qui réalisent ce mode de production- de l'électricité. Ces appareils que nous nommerons générateurs (*) de courants ont été récemment l'objet de perfectionnements considérables qui ont permis de de les appliquer avec succès à l'éclairage et aux opérations -61ectro-chimiques.
Le courant électrique obtenu par une dépense de travail mécanique peut être substitué à celui de la pile pour alimenter un moteur ou récepteur électrique. Cette substitution sera évidemment sans objet si elle aboutit à placer côte à côte le générateur et les récepteurs de courant ; mais comme le courant peut franchir de grands espaces avec un conducteur métallique pour véhicule, les deux appareils peuvent être séparés l'un de l'autre, et alors leur association fournira un procédé pour transmettre le travail mécanique à distance. Il est très-probable que cette idée n'est point nouvelle, et qu'elle pourrait être revendiquée par plusieurs des physiciens qui, lors de la découverte de l'induction, ont saisi le rôle que joue ce phénomène dans la corrélation des forces physiques. Mais elle a été fréquemment énoncée en , et cela tient à ce que l'attention du public dernier lieu industriel est dirigée tout à la fois sur les applications des nouveaux générateurs électriques et sur la transmission à grande distance des forces motrices. (*) L'emploi des mots générateur et moteur (ou récepteur) nous paraît indispensable pour éviter la confusion inhérente à la terminologie qui a prévalu jusqu'ici. (m') Elle a même été mise en pratique sur une petite échelle. Nous avons vu fonctionner une application de ce genre i. l'établissement du Val d'Osne, boulevard Voltaire, à Paris; les deux appareils étaient des machines de Gramme. L'opérateur actionné par la machine réceptrice n'était autre qu'une troisième machine de Gramme dont le courant servait à la galvanoplastie.