Annales des Mines (1879, série 7, volume 15)
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68 TRANSMISSION ET DISTRIBUTION DES FORCES MOTRICES
Le noyau de la bobine ou hélice mobile a la forme d'un anneau. C'est un solide de révolution engendré par une figure oblongue Q. Premier type. Machine de Gramme.
régulière tournant autour d'un axe 0 parallèle à sa longueur. Son axe de rotation coïncide avec cet axe de figure.
Ce noyau acquiert par influence deux pôles induits, l'un nord N' vers l'armature sud, l'autre sud S' vers l'armature nord, et situés vers les extrémités du méridien qui passe par les pôles inducteurs. Quand l'anneau est en mouve-
ment, ils ne sont pas entraînés par lui; au contraire, ils se déplacent dans la matière de l'anneau, mais demeurent fixes dans l'espace. Chaque spire de l'hélice est donc en mouvement par rapport aux pôles induits et aux pôles inducteurs tout à la fois (fig. 9 et o). Pour se rendre compte de la production des courants, il faut envisager les deux catégories de pôles séparément. L'anneau, avec ses deux pôles induits situés sur un même plan diamétral, peut s'assimiler à la réunion de deux aimants identiques infléchis en demi-cercle et se joignant par leurs
pôles semblables. Il en résulte, si l'on se reporte à ce qui -
a été dit au S 6, et si l'on admet que le mouvement de rotation ait le sens indiqué par la flèche, que, lorsqu'une spire est placée du même côté de la ligne neutre xy que S', elle est parcourue par un courant allant du dedans au dehors sur la face vue, et que, lorsqu'elle est au contraire du
côté de N', elle est parcourue par un courant allant du dehors au dedans. Quant aux pôles inducteurs N et S, ils se contrecarrent
également sur la ligne neutre et n'y produisent pas de courant. Considérons une spire isolée en mouvement ; lorsqu'elle est près de la ligne neutre, les actions de N et de S contrecarrent respectivement celles de S' et de N', mais vu
leur plus grande distance, elles ne font que les affaiblir. A mesure que la spire s'approche de la ligne des pôles, la différence de distance entre N et S', ou entre S et N', s'ac-
A GRANDE DISTANCE, AU MOYEN DE L'ÉLECTRICITÉ.
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centue, en sorte que la prépondérance de S' sur N, ou de de N' sur S, s'accentue également. Enfin quand la spire atteint une des positions Mo, aib qui correspondent aux angles aocoN, aic,S pour lesquels l'inversion a lieu, les pôles N et S, au lieu de contrecarrer S' et N', conspirent avec ceux-ci, en sorte que le courant éprouve un renforcement énergique qui continue jusqu'à ce que la spire franchisse les positions symétriques ci b' et a"b" (*).
Le sens des courants des spires sera donc le même que si les pôles induits existaient seuls. Les pôles inducteurs agissent seulement pour modifier la loi suivant laquelle l'intensité du courant dans une spire varie avec la situation de celle-ci, et en somme ils augmentent cette intensité. Les spires étant continues entre elles, on aura dans chaque moitié xSty, yl\l'x de la bobine un courant dont l'intensité sera la somme des intensités de ceux qui existeraient respectivement clans chaque spire envisagée comme conducteur fermé. Comme les spires sont uniformément disposées, les diverses phases d'un même tour de rotation n'amènent aucune variation dans cette somme d'intensités; les courants des deux moitiés sont donc constants et égaux entre eux.
Si le circuit était uniquement formé par l'ensemble des spires disposées autour de l'anneau, les deux courants se neutraliseraient, et, en définitive, on n'en aurait aucun. Pour pouvoir en recueillir un, il faudrait pratiquer sur la bobine deux dérivations à la hauteur de la ligne neutre, l'une du côté vers lequel marchent les deux courants, l'autre du côté d'où ils partent. Un conducteur extérieur, (*) Dans une analyse complète de cet effet, il faudrait tenir compte de ce que le plan du conducteur n'est pas animé d'un simple mouvement de translation. Son mouvement, entre deux positions infiniment voisines, peut être envisagé comme composé d'une translation et d'une rotation autour d'un axe qui passerait par le centre du conducteur et serait parallèle à l'axe O.