Annales des Mines (1879, série 7, volume 15)
Page : Image 67
Révision de 6 janv. 2015 05:16:56, edited by Anonymes
119
ÉTUDES MÉTALLURGIQUES.
PRODUITS SECONDAIRES DES HAUTS-FOURNEAUX.
charbonneux, provenant du dédoublement de l'oxyde de carbone. Cela n'est pas impossible, et en tout cas il est
moyennes du fourneau et, par suite, momentanément accumulées dans l'ouvrage. Ailleurs, on a constaté la formation du cyanure de potas-
18
certain que les deux causes ont dû agir simultanément. Mais pourquoi ces faits ne se rencontrent-ils pas partout ? Évidemment la nature ferrugineuse et la consistance poreuse
des briques doivent exercer sous ce rapport une très-fâcheuse influence. Seulement, et j'insiste particulièrement sur ce point, cette double action des vapeurs alcalines et de l'oxyde de carbone serait moins énergique si le courant gazeux ne suivait de préférence les parois du fourneau, et s'il ne possédait une tension intérieure trop forte. Il faut donc, comme je l'ai conseillé souvent déjà dans mes mémoires précédents sur les hauts-fourneaux, favoriser, autant
que possible, le passage des gaz et des vapeurs par la colonne centrale, et diminuer la contre-pression que les gaz éprouvent dans les conduits de sortie du gueulard ; il faut, en un mot, surveiller surtotit le mode de chargement. Gaz ou vapeurs sortant de l'avant-creuset des hauts-fourneaux. Sulfures de potassium et de silicium.
On sait qu'il s'échappe parfois de l'avant-creuset des hauts-fourneaux des vapeurs abondantes de zinc et de plomb. J'ai pu constater ce fait, il y a deux ans, au hautfourneau de Maisonneuve (Côte-d'Or). Des cadmies, déposées près du gueulard, se détachèrent en fragments volumineux des parois de la cuve et gagnèrent le bas du fourneau.
Une partie du zinc parvint jusqu'au creuset et en sortit avec les laitiers, en globules fluides et sous forme de vapeurs abondantes brûlant à l'air. A d'autres moments on a recueilli, dans la même usine,
du carbonate de potasse, qui sortait en filet continu du trou coulée de la fonte. Il provenait sans doute de croûtes, pareilles à celles du haut-fourneau de Middlesborough ci-
dessus mentionnées, qui se seront détachées des parois
sium, et quelques métallurgistes lui attribuent même une action carburante très-énergique. Ces faits sont connus, je n'y reviens pas. Mais je tiens à mentionner deux autres produits qui sont plus rares, je veux parler du sulfure de potassium et du sulfure de silicium. Les laitiers, neutres ou basiques, des hauts-fourneaux au coke sont toujours sulfureux ; ils renferment surtout, comme chacun sait, des sulfures de calcium et de manganèse. Avec ces bases, en proportions suffisantes, on désulfure complétement les minerais, et l'on obtient des fontes pures, même avec des minerais chargés de pyrites et de sulfate de baryte. Mais le calcium et le manganèse ne sont pas les seuls métaux qui s'emparent du soufre. Le potassium joue parfois le même rôle dans les hauts-fourneaux. J'ai constaté ce fait dans ma visite de l'usine du Prieuré à Longwy, ci-dessus mentionnée à l'occasion du dépôt charbonneux, trouvé sur les étalages d'un fourneau que l'on venait de mettre hors. Outre ce dernier fourneau, l'usine en renfermait plusieurs autres et en particulier un haut-fourneau, fort élevé et large, bâti sur le modèle des grands fourneaux anglais du Cleveland. Le vent était chauffé vers 5 oo à 6000, à l'aide d'un appareil Whitwell, On marchait à allure très-chaude, afin de produire, avec les minerais oolithiques de la contrée, de la fonte noire n° 6, pour la seconde fusion. En visitant l'usine, je fus immédiatement frappé par un abondant dépôt blanc, couvrant les murs, les colonnes, la toiture de la halle de coulée et même toutes les parties externes du fourneau. En même temps on voyait sortir de
l'avant-creuset une flamme vive dont la teinte variait du blanc au lilas et au jaune pâle, sans aucune nuance verte.