Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1879, série 7, volume 15)

180 GÉOLOGIE ET EXPLOITATION DES GÎTES DE GRAPHITE

L'importance de cette observation résultera de la comparaison que je ferai plus loin avec les gîtes de Bavière. Les intercalations de calcaire, qui sont si communes au contact du graphite, ont une puissance très-variable, depuis quelques décimètres jusqu'à 2 0 ou 5o mètres. Dans la région la plus rapprochée du gîte, le calcaire, déjà assez il y impur, perd presque entièrement sa texture cristalline ; devient « sauvage)) (wild), suivant l'expression consacrée. Au milieu des amas s'intercalent très-souvent des nerfs gneissiques, dont l'épaisseur peut être seulement de quelJus ques centimètres, mais atteint aussi plusieurs mètres. qu'aujourd'hui, pour les divers gîtes exploités, l'épaisseur des nerfs a paru croissante en profondeur ; mais la puis sauce du graphite augmente dans une proportion au moins aussi rapide. Une circonstance bien connue par les .exploitants, c'est que, quelle que soit la nature du toit, gneiss ou calcaire, on y rencontre, à peu de distance du graphite, une imprégnation ferrugineuse très-apparente sur î o OU 20 centimètres. C'est là une observation fort commode en pratique : elle sert, par exemple, à distinguer si, en poussant une taille transversale de dépilage, on est réellement arrivé au toit du gîte, ou si on a seulement affaire à un nerf au delà duquel on retrouverait Je graphite. Lorsqu'on constate l'imprégnation ferrugineuse, on juge inutile d'aller plus loin. Il faut admettre comme un fait entièrement général,

et nous verrons bientôt comment on peut l'expliquer, que la présence du graphite dans le gneiss coïncide toujours avec une grande perméabilité de la roche, et par

suite avec des facilités toutes spéciales offertes à l'infiltration des eaux de la surface. Partout, en effet, on observe une décomposition complète jusqu'à une certaine profondeur; le gneiss s'est transformé en une masse brune, émiettée, marquée de grains blanchâtres, qui proviennent évidemment des cristaux de feldspath.

DE LA BOHÈME MÉRIDIONALE.

1 81

On doit rattacher à la même circonstance le creusement des petites dénivellations qui indiquent parfois, à la surface, les affleurements du graphite. Le graphite se présente tantôt en grands feuillets, tantôt en masse finement écailleuse ; il conserve presque toujours une apparence schisteuse. Il n'est jamais entièrement pur, et, la plupart du temps, on n'exploite en réalité qu'une masse plus ou moins imprégnée de graphite. Diverses substances étrangères sont disséminées à l'état de mélange trèsintime on peut reconnaître quelquefois de l'amphibole ou du grenat, mais ce sont surtout des matières décomposées et argileuses. La pyrite est extrêmement abondante, autant dans le graphite que dans le calcaire voisin, elle communique aux produits argileux d'altération une couleur ocreuse, et les eaux recueillies dans les mines sont vitrioliques.

Dans les parties où la décomposition n'est pas trop avancée, on distingue souvent des éclats de gneiss envelop-

pés par le graphite. Cà et là se rencontre aussi du quartz, en masses lenticulaires assez considérables, orientées dans le sens de la stratification, d'ailleurs très-fendillées et disloquées en petits fragments anguleux.

Du kaolin a été observé à Schwarzbach en quantité notable et avec des circonstances qui méritent une attention particulière. Il forme tantôt des amas peu puissants,

rencontrés surtout au mur du gîte principal, tantôt des veines irrégulières traversant le graphite. Les nerfs en contiennent fréquemment. Il est de couleur blanche, brunâtre, ou verdâtre ; on en a trouvé d'assez pur pour qu'on

ait pensé autrefois à l'exploiter et à le vendre à des fabriques de porcelaine. On ne peut songer à le regarder comme résultant simplement de la décomposition du gneiss;

au contraire, il aurait été fourni, d'après M. Gümbel, par des filons d'une roche syénitique spéciale, à grands éléments. C'est en Bavière que cette roche et son mode de transformation ont été observés ; mais le porzellanspath,