Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1879, série 7, volume 15)

PERCEMENT DES ALPES. 410 schisteuse, assez facile à perforer', mais ayant une tendance sensible à se déformer sous les pressions supérieures. 11 y

avait donc avantage à construire' les maçonneries par seg-

ments complets présentant des conditions de résistance définitive et, par suite, à, ouvrir la section entière du tunnel dans le plus bref délai. Il 'faut pour cela se procurer; aVant toute autre chose, un point d'appui pour les soutiens,' c'està-dire attaquer la section par le bas. Cette première galerie achevée permettait de s'étendre en largeur, puis de s'étayer

par un boisage en éventail; appuyé sur les cadres de la galerie ou sur le fond lui-même

Au Saint-Gothard, au contraire, la roche est 'dure_ et résistante : on a donc: une plus grande latitude dans le choix

des points d'appui, et le but principal n'est plus ici de construire des anneaux entiers de maçonnerie. On peut appuyer la 'voûte 'sur les parois de rocher ettonstruire les pieds-droits après un laps de temps plus ou moins long. Il était naturel, dans ces' conditions favorables de solidité, de recourir à la méthode la phis; -rapide et de commencer l'attaque par le haut. La série des opérations est la suivante 1° Ouverture de la galerie d'avancement au sommet de la section de déblai ; 2° Abatage en grand, ou ouverture complète du segment compris entre le sommet de la section et le niveau du fond de la galerie; 5° Construction de la calotte de la voûte, calotte dont l'emplacement se trouve déblayé' par les deux opérations précéclen les;

4° Enlèvement du stross entre les pieds-droits ; 5° Construction en sous-oeuvre des pieds-droits, y compris la portion inférieure dela voûte, et construction du radier. « L'idée essentielle du système est donc- de fractionner

l'opération en plusieurs parties concentrées chacune sur une petite surface, de manière qu'on puisse les exécuter sans danger et avec une grande facilité d'étayement. L'opé-

TUNNELS DU MONT CENIS ET DU SAINT-GOTHARD.

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ration étant conduite de haut en bas, on se fait tout de suite un plafond solide, qui met le chantier à l'abri des éboulements supérieurs. Enfin', pour les quatre dernières opéra-

tions, le chantier est installé en longueur : on peut donc aisément régler l'avancement du travail en déterminant convenablement la longueur de chaque chantier et le nombre d'hommes qui y travaillent (*) . »

Cette dernière considération était surtout importante au Saint-Gothard, dont le percement doit être achevé en huit années, d'autant plus que les travaux, qui auraient dû pouvoir commencer dès le mois craotit 1872, ont été retardés jusqu'au mois de mai 1875. Le front de taille Mont Cenis (fig. 4, 5, 6, 7; Pl. VIII). était attaqué en général par sept perforateurs Sommeiller.

Les trous faits par chaque poste étaient au nombre de soixante, disposés suivant des circonférences concentriques et inclinés en sens divers pour favoriser l'attaque des par' tics minées. Leur profondeur varie, suivant la dureté de la 'roche, de 1°',20 pour les plus tendres jusqu'à oni,7o dans

les conditions ordinaires. Chaque trou est, en outre, de diamètre décroissant. On commence l'attaque avec un fleuret de em,o56 de diamètre et on le termine par un, de 0,028. La cartouche de poudre, comprimée au tiers de son - volume, pèse environ ok,65. On se sert d'argile pour bourrer les trous. On enduit aussi d'argile les tubes d'air comprimé pour les préserver contre la violence des projections. L'affût étant éloigné, on fait partir les coups en commençant par allumer les mèches de ceux placés à la partie centrale : on profite ainsi de la diminution de pression latérale lorsqu'on arrive aux trous les plus éloignés, On jette les déblais dans un wagonnet circulant sur une voie étroite. La voie sur laquelle roule l'affût est comprise entre les deux cours de rails de la voie qui fait le service (*) Sévène, Cours de chemins de fer.