Annales des Mines (1880, série 7, volume 17)
Page : Image 189
Révision de 5 févr. 2015 17:27:23, edited by Anonymes
576
DISTOIRE DES SOURCES.
TRAVAUX EXÉCUTÉS A BOURBONNE-LES-BAINS.
377
béton couverts de minéraux adventifs. Pressés par l'ur-
fondations pour les maçonneries et barrage pour les eaux souterraines. Nous aurions alors rencontré les traces d'un gisement d'objets préhistoriques, aujourd'hui profondément enfouis et primitivement déposés à la surface des argiles bariolées en place, à la base des alluvions du ruis-
gence et la difficulté des travaux, nous n'avions pu songer
seau de Borne.
Les tas de sables qui fournissaient ces objets curieux avaient été mis de côté par nous pour être soumis à un lavage au tamis destiné à en séparer les nombreuses monnaies romaines, les objets en bronze et les morceaux de
classer les matériaux extraits pour reconnaître leur ordre de succession dans les couches du fond du puisard ; cette opération aurait, du reste, été rendue très difficile, sinon impossible, par l'état ébouleux des sables qu'il s'agissait d'extraire. II en est résulté que nous avons cru d'abord ces silex mélangés aux monnaies romaines dans le niveau marqué 11 sur la Pl. XIII du tome Yin des Annales des mines de 1875. Nous nous expliquions alors leur pré, sence en admettant que ces silex, conservés comme objets
Un examen plus attentif des mêmes silex semble confirmer cette opinion nouvelle. En effet, dans la zone occupée par les médailles romaines, tous les fragments de béton et les pierrailles étaient enveloppés d'une couche des minéraux cuivreux définis par M. Daubrée (*) ; le sable et les
curieux dans quelques familles gauloises, ou peut-être comme fétiches, avaient été jetés dans la source à titre
une enveloppe de pyrite de fer sans épaisseur appréciable. Il serait au moins singulier que précisément ces morceaux
d'ex-voto comme les pièces romaines.
eussent joui d'une immunité spéciale. De plus, la suite des travaux du sondage nous a fait trouver, sur toute la
Cette première opinion n'était pas très vraisemblable. En effet, si les Gaulois ont pu garder longtemps des silex travaillés comme curiosités, il est probable qu'ils ont conservé plutôt des pointes de flèches, des haches ou autres objets similaires que de simples éclats, et nous aurions trouvé, par nos lavages, des spécimens plus- curieux du travail des anciens D'autres circonstances, d'ailleurs-, devaient nous conduire à attribuer à nos silex une origine toute différente et plus intéressante. En rassemblant nos souvenirs, il nous a paru certain que lès éclats de' silex avaient été amenés au jour avec les deu niers sables contenant des monnaies romaines. Dès lors, il était probable que le- gisement s'en trouvait placé immédiatement au-dessous de la zone où ces médailles étaient réunies, et par conséquent au-dessous de la nappe deléton, .établie par' les constructeurs romains, de 4',5't1 à 6 mètres de profondeur dans la région du puisard, comme
menus cailloux étaient agglomérés par des ciments de même nature formés de petits cristaux durs, ce qui donnait lieu à une sorte de brèche métallifère. Or les éclats de
silex ne présentaient pas ces minéraux, mais seulement
hauteur de la colonne sableuse, de petites pierres arrondies
recouvertes d'une mince pellicule du même enduit pyritem. Celui-ci, par conséquent, est dû à la source et. se produit naturellement par le passage de l'eau thermale, pendant un temps suffisamment long, au milieu des graviers.qu'elle traverse.
Dès lors, nous parvenons à notre conclusion : les monnaies romaines, attaquées par les eaux thermales en provenance de la profondeur, ont produit des dépôts cuivrosulfureux sur tous les corps placés à leur contact ou au-dessus d'elles et baignés dans les eaux déjà chargées de ces minéraux. Au contraire, ces monnaies, n'ont pu avoir aucune action sur les objets placés au-dessous d'elles et plongés dans l'eau thermale non encore altérée. Si les -
(e) Mémoire déjà cité.