Annales des Mines (1880, série 7, volume 17)
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HISTOIRE DÉS SOURCES.,
TRAVAUX EXÉCUTÉS A BOURBONNE-LESBAINS.
,en pierre sciée du Jura, les autres en marbres de Grèce-et d'Égypte (*) . Enfin les fûts de colonnes et les entablements sont tous en marbre, en albâtre ou en calcaire, oolithique, malgré les facilités que présentaient les ,carrières de Châlinon. pour obtenir -d'énormes pièces de grès bigarré. Il est donc inadmissible que les Romains aient employé le grès fruste pour construire le tronc dont nous parlons. Il n'aurait guère eu d'usages d'ailleurs probablement, puisque les offrandes étaient jetées directement dans le bassin
de la source, à l'adresse des divinités thermales. Nous assignons donc à ce monument une date postérieure à la chute de l'empire romain. Les thermes, abandonnés par les riches étrangers, ont dû offrir quelque temps encore leur action bienfaisante aux habitants de la contrée,. et nous savons, par les inscriptions, que les Lingonsformaient un des élénients importants de la population ,flottante de
Bombonne. Les habitudes ayant changé,. quelque gent spéculateur aura imaginé d'installer un tronc pour recueillir les offrandes qui ne se perdaient . plus dans le puisard romain, et se sera contenté, pour cet usage, des matériaux les .plus solides et les moins coûteux. Le tronc gallo-romain a été forcé, et les ferrures ont été arrachées avant l'enfouissement de l'édifice, probablement pendant quelqu'une des incursions des Barbares, ce qui montre que le temple n'a pas été immédiatement envasé. Ses ruines sont restées assez longtemps livrées, aux injures du temps et plongées dans l'oubli. C'est alors que les inondations de la Borne ont progressivement comblé l'excavation romaine et fait disparaître le sol des thermes sous une
couche de détritus de 4 mètres d'épaisseur, suffisante pour effacer les traces de tout travail hydraulique. Les restes de murs et de colonnes, qui pouvaient dépasser
le
(4) C'est M. Daubrée qui nous a signalé cette origine pour cet'tains fragments de marbres verts recueillis clans nos fouilles.
solont été plus' tard enlevés pour eV:autres, travaux, sans qu'il soit resW souvenir de leur destruction. La tradition prétend que les sources furent, complètee
ment oubliées et. plus tard retrouvées, grâce à; un porc qui se vautrait dans. la fange, au-dessus du puisard romain. Cela supposerait que la contrée a cessé complètement d'être habitée pendant un temps plus ou moins long. Mais le fait est inadmissible, car les noms de, la Borne, de rue Vellone, de source Matrelle ou Massaille, de source Patrice, renouent directement la chaîne entre l'époque romaine et les temps modernes.; peu importe, au reste, à. notre sujet.
Le fait établi, c'estt que les nouvelles générations perdirent le souvenir des travaux anciens et se contentèrent de recueillir les eaux qui coulaient naturellement dans le fond du bassin.. Les sources étaient à peu près rentrées à l'état de nature par suite d'un long abandon, et, lorsqu'on songea de nouveau à les utiliser, on les traita comme si aucun travail de captage n'avait été fait antérieurement. Le nom cr Lidesina n'a pas tardé non plus à disparaître lors de l'écroulement de l'empire: romain. Au dire du moine
Théodoric, dans la dix-septième année de son règne, en 612, se rendit de Langres. à Toul en passant par le château de Vernona, que l'on commençait alors à construire, et qui occupait le promontoire qui, domine le confluent de la Bonne et de l'Apance. Ce nom de Vernona renferme probablement une faute d'orthographe_ et devrait s'écrire Vervona ; il aurait alors l'étymologie, celtique que nous avons donnée plus haut pour le dieu.Borvo ou Borvon (de veru, bouillant, et on; eau).. Les Romains, en arrivant dans les Gaules, ont du trouver ainsi dénommées un certain nombre de sources thermales ils en ont transformé les noms qui sont devenus BourbonLancy, etc., et ici Boni-bonne. Lors de la disparition de leur influence, le nom de Vervona a remplacé. de nouveau