Annales des Mines (1880, série 7, volume 17)
Page : Image 206
Révision de 6 févr. 2015 05:57:59, edited by Anonymes
TRI VAUX EXÉCUTÉS A BOURBONNE-LES-BAINS.
HISTOIRE DES SOURCES.
cela est douteux, car le plan de 1700-1720 montre des
mergence des sources, sans s'exposer à voir leur débit diminuer ou disparaître, il n'existe pas d'autre moyen d'assurer un écoulement régulier, que de construire un
410
sources chaudes dans une région assez étendue. Il est plus que probable que ces suintements avaient disparu lors des travaux de 1783-1784, pour se montrer de nouveau un peu
plus tard. Lebrun reconnut d'une manière positive que le débit des
sources diminuait rapidement quand on exhaussait leur niveau d'émergence, et il en conclut qu'il fallait abaisser ce niveau pour accroître la quantité d'eaux disponibles. Enfin, en sondant les tuyaux de plomb des sources n" et 2, Lebrun trouva une profondeur de 12 mètres : on lui avait dit aussi qu'au puisard civil oh avait pu enfoncer un bâton dans les sables jusqu'à cette profondeur : de plus les sources i et 2 se trouvaient en dépendance évidente par communication souterraine. Lebrun édifia une théorie des sources sur ces données incomplètes, et leur assigna pour origine commune une certaine « fontaine de bronze» dont il fixa l'emplacement sur le plan qu'il dressa hypothé-
tiquement. Suivant lui, toutes les eaux minérales provenaient de ce point unique par des galeries souterraines construites par l'homme à 12 mètres de profondeur. Malgré les erreurs de cette théorie, elle conduisit Lebrun à des conclusions justes, qui ne sont pas bien mises en évidence dans son mémoire, mais que l'on peut résumer ainsi
1° Il y. a nécessité d'empêcher les propriétaires
des
maisons situées autour de la place des bains, de s'approprier
les filets d'eau minérale qui sourdent dans leurs terrains, parce qu'il serait trop facile d'augmenter indéfiniment ces émergences aux dépens du produit des sources principales. 20 Il faut curer le lit du ruisseau de Borne et le disposer de façon à diminuer la fréquence des inondations qu'il cause dans le quartier bas de Bourbonne, et notamment à l'hôpital militaire. 50 Comme il est impossible de surélever le niveau d'é-
411
aqueduc allant déboucher dans la rivière d'Apance, à 2 kilomètres en aval de Bouchonne. Ce travail qui coûterait environ 6.oco francs pour 3. 000 mètres de longueur (1 , permettrait d'abaisser de 1 mètre le niveau ('a) d'émergence des sources, et doublerait leur débit. 4° Les améliorations projetées ne peuvent être complètes,
tant que l'État n'aura pas racheté à M. de Chartraire la moitié des eaux qui lui appartient. La quatrième proposition de Lebrun fut immédiatement acceptée par l'État. En 1812, on acheta la moitié des eaux
qui restait aux seigneurs de Bouchonne en vertu de la charte de 1324. Comme conséquence, on reconstruisit les bains civils à la place des Thermes commencés en 1783 par M. le comte d'Avaux. La seconde proposition de Lebrun ne tarda pas non plus à être suivie d'exécution : le cours du ruisseau de Borne fut pavé et encaissé entre de hautes berges muraillées. 'L'État éprouva quelques difficultés à empêcher les propriétaires de prendre un peu des eaux thermales, suivant la première proposition de Lebrun. Un propriétaire placé à l'amont de la région aquifère, et nommé Mayran, exploi-
tait un de ces suintements, et soutint ses droits par un procès. Pour en finir avec lui, l'Administration acheta cette source et la boucha. Afin d'éviter le retour de semblables affaires, et sur la proposition de M. Drouot, alors ingénieur en chef des mines à Chaumont, un décret du 3» mai 1859 déclara les sources de Bourbonne d'utilité publique, et leur assigna un périmètre de protection. Un second décret du (*) Il doit y avoir une erreur : Lebrun a dû écrire Go.000 francs, et il était encore bien au-dessous de la vérité. (**) Sans doute mètre au-dessous de l'émergence des sources l et fi au fond du puisard militaire, niveau où plongeait l'aspiration.