Annales des Mines (1880, série 7, volume 18)
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DE L'ISTHME DE PANAMA.
CONST LTUTION GÉOLOGIQUE
se détachant, au moins à la surface, en fragments généralement tabulaires, et dont l'oeil ne peut en aucune façon discerner les éléments. Au microscope, on la trouve formée
d'une pâte grenue pyroxénique dans laquelle flotte une multitude innombrable de petits cristaux d'oligoclase tous de même grandeur et de grains de fer oxydulé doublé de fer oligiste, ainsi que quelques nodules de quartz, amorphes sur les bords, cristallins au centre. Cette roche ne paraît être du reste qu'un accident : on la voit dans une courte tranchée tin peu avant d'arriver à la hauteur des chutes de l'Obispo, et elle fait bientôt place à une sorte de porphyre ou de brèche extrêmement dure, que l'on peut examiner à loisir en ce dernier point, tant sur la paroi verticale du ressaut qui donne naissance à la
chute que sur les blocs nombreux, dont quelques-uns atteignent le volume de plusieurs mètres cubes, épars dans le lit ou sur les bords du torrent. Cette brèche, formée de fragments rouges ou verts empâtés et quelquefois comme orientés dans une masse habi-
tuellement verdâtre, mais devenant jaunâtre par décomposition, n'a point l'aspect physique des roches cristallines déjà rencontrées dans les conglomérats précédents. Elle est
celluleuse, âpre au toucher, presqu'amorphe (quoique l'oeil y distingue çà et là de petits cristaux), et attire fortement l'aiguille aimantée. Au microscope, les fragments paraissent formés d'une matière oligoclasique, tandis que la pâte, qui montre une structure essentiellement Iluidale, est formée par une matière ocreuse pyroxénique salie par du fer oxydulé en très petits grains dans laquelle s'isolent d'autres petits grains ronds de silice. Cette même brèche se rencontre d'abord à l'état moins
décomposé et plus quartzeux sur la ligne du chemin de fer : mais on ne peut l'y observer que sur une surface beaucoup moins grande. Là, sa couleur est plus fraîche ;
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elle est criblée de petites vacuoles remplies par une matière
verte pulvérulente qui s'enlève facilement .avec la pointe d'un :canif, et on y aperçoit également de fines aiguilles cristallines- blanches qui paraissent être de l'orthose. Un peu plus loin; au contraire, elle est de nouveau plus décomposée quoique plus quartzeuse, et on y trouve des rognons calcédonieux qui paraissent établir une transition assez nette entre la précédente et une autre brèche de nature analogue qui se rencontre non loin de là, aux pieds
du cerro Pruja, sur le chemin qui conduit de la station d'Emperador à une mine d'or située sur les bords du rio Saldanillo.
Je dois signaler toutefois, entre le point où j'ai recueilli ces échantillons de brèche et la station d'Emperador, des sortes de tufs, d'argiles, etc., complètement amorphes, tantôt assez homogènes d'aspect, tantôt bigarrés de couleur, et contenant dans leurs masses des rognons de
roches plus dures ; le tout paraît provenir de la décomposition probablement superficielle des brèches qui constituent la masse principale du terrain depuis les chutes
de l'Obispo. Cependant, un peu avant d'arriver au pont de Lacar, près de la station d'Emperador, on trouve dans une tranchée un calcaire blanc, compact, qui ne se rencontre que sur ce point, et dont on n' observe poin t l'analogue
dans les environs. 11 est un peu magnésien, et contient quelques traces de fossiles peu discernables qui paraissent rentrer, comme ceux du calcaire (rAhorca Lagarto, avec lequel il a beaucoup d'analogie, dans les genres bivalves, les coraux et les foraminifères.
-Le Dr Wagner signale la présence de ce calcaire sur plusieurs points, entre Matachin et Emperador, où il prétend qu'on le trouve çà et là à l'état sporadique : je ne l'ai pour mon compte rencontré qu'en ce seul endroit. J'ai pu,, par suite de l'existence dans les environs. d'une belle route construite il y a quelques années pour