Annales des Mines (1880, série 7, volume 18)
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EXPLOITATION TECHNIQUE DES CHEMINS DE FER.
SYSTÈMES DE SIGNAUX. - APPAREILS D'ENCLANCHEMENT. 83
en pointe, se trouve à la fois verrouillée et enclanchée, ce qui assure doublement sa position. Le mode de verrouillage des aiguilles prises en pointe, que nous venons de décrire donne évidemment une sécurité parfaite; il a d'autre part l'inconvénient de compliquer la manoeuvre et d'augmenter notablement le nombre des leviers du poste d'aiguilleur, ainsi que le nombre des enclanchements à réaliser. La Compagnie de l'Ouest s'affranchit de cette complication au moyen d'un appareil électrique, disposé de façon à mettre en action une sonnerie placée dans le poste de l'aiguilleur chaque fois que les aiguilles ne sont pas parfaitement à fond de course; l'aiguilleur a ainsi un moyen de contrôle lui permettant de constater le bon fonctionnement et la bonne position de l'aiguille. Cette compagnie admet, et l'expérience paraît confirmer, que, lorsque les aiguilles sont bien disposées, leur position est suffisamment assurée par la rigidité des tiges de manoeuvre, pour qu'on n'ait pas à craindre de dérangements causés par les trépidations du train. La Compagnie du Nord emploie simultanément les contrôleurs électriques et les verrous. Il convient d'ailleurs de remarquer que Futilité des appareils spéciaux destinés à assurer la position des aiguilles prises en pointe dépend principalement
cette règle et admettre que le verrouillage des aiguilles
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de la vitesse avec laquelle ces aiguilles doivent être franchies
par les trains. Sur la plupart des lignes de chemin de fer d'Angleterre, les trains franchissent sans ralentissement les
bifurcations et en général toutes les aiguilles prises en points ; l'application du verrou de sûreté de MM. Saxby et Earmer permet de le faire sans danger. D'après les descriptions de l'article 37 de l'ordonnance du 15 novembre 1846 et les règlements généraux des compagnies, les conditions ne sont pas les mêmes en France, du moins quant à présent, les trains devant toujours réduire leur vitesse au passage des bifurcations et des aiguilles prises en pointe. On pourra sans doute, en France comme en Angleterre, s'affranchir de
prises en pointe permet de les franchir sans ralentissement. Tous les leviers d'aiguilles de verrous et de signaux sont
concentrés dans le poste d'aiguilleur ou « signal box, » où ils sont rangés en ligne droite sur un même bâti. On peut réunir ainsi sous la main d'un même aiguilleur un nombre considérable de leviers. L'un des « signal boxes» établis par la compagnie d'Orléans à la gare de Paris renferme 25 leviers ; on en compte 53 dans un de ceux que la
compagnie de Lyon vient d'installer à la Guillotière. En Angleterre, le poste central de la gare de Waterloo-Bridge à Londres ne contient pas moins de 109 leviers ; celui de London-Bridge en a 180. Il nous paraît inutile d'insister sur les dispositions de détail qui ont été adoptées par MM. Saxby et Farmer pour l'installation de ces « signal boxes, » et qui depuis lors servent de type à toutes les installations analogues, quel que soit d'ailleurs l'appareil d'enclanchement auquel on les applique. L'ensemble de ces dispositions est représenté par les
fig. I, 2 et 5, PI. IV. Pour faciliter le travail de l'aiguilleur, des couleurs différentes distinguent des leviers de mâts de signaux de ceux des aiguilles et de ceux des verrous ; les
leviers sont numérotés, et sur chacun d'eux est portée l'indication des numéros de ceux qui doivent être manoeuvrés avant lui. Les fausses manoeuvres sont d'ailleurs rendues impossibles par les appareils d'enclanchement, de telle sorte qu'on a pu dire avec raison qu'un aveugle entrant dans le signal box de London-Bridge, et manoeuvrant les leviers au hasard, arrêterait probablement la circulation des trains, mais ne pourrait jamais causer un accident. Sans nous arrêter plus longtemps à la description de ces dispositions en quelque sorte extérieures, nous devons main-
tenant aborder l'examen des appareils d'enclanchement eux-mêmes, de leurs propriétés mécaniques, et nous rendre compte de la manière dont on devra en faire l'application.