Annales des Mines (1880, série 7, volume 18)
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ÉTUDE DES MOYENS PROPRES A PRÉVENIR
aussi à cette grande activité de soulever les poussières et d'empêcher l'explosion d'être étouffée à peu de distance. M. Galloway l'exprime par cette formule : encore plus d'eau
en même temps que encore plus d'air, quand le courant dessèche les poussières (I). M. Grand-Eury l'appelle que, dans le langage des mineurs de Saint-Étienne, le grisou est mangé par la force, c'est-à-dire paralysé par la désoxydation de l'air. On comprend, en effet, que, si on ne va pas jusqu'à noyer le gaz dans une quantité d'air suffisante pour abaisser sa proportion au-dessous du point explosif, tout ce qu'on ajoute d'oxygène est précisément un aliment pour la combustion. De plus un demi-aérage a pour effet de déplacer le grisou qui aurait pu rester dans des coins à l'état inoffensif et de le faire entrer en scène sans désarmer sa puissance par un excès d'air. En présence de cette manière de voir que la Commission ne saurait accepter, elle regarde comme de son devoir, dans une matière aussi grave, de réagir contre cette innovation et de rappeler avec la circulaire ministérielle de 1872 que, sans être le seul préservatif à employer contre les dangers du grisou, l'envoi d'un excès d'air capable de noyer ce gaz
reste certainement l'un des plus efficaces. On peut dire qu'il est le dernier, avec le treillis de sûreté, auquel il serait permis de renoncer. MM. Marsaut, Fumat et Dombre se rencontrent clans la même formule en disant que, tout en conservant bien entendu la lampe de sûreté, il faudrait pouvoir circuler dans toute la mine à feu nu. M. Guibal estime que l'ingénieur est aujourd'hui suffisamment armé pour que des explosions générales ne dussent jamais avoir lieu, parce que suivant lui elles supposent ou bien des poussières qu'il faudrait abattre, ou une infection complète qu'une surveillance suffisante de-
LES EXPLOSIONS DU GRISOU.
vrait être capable de prévenir, et dont le meilleur antidote sera toujours l'envoi d'un excès d'air. Par contre, il pense que les coups de feu partiels et locaux tiennent à des causes
si diverses, si multipliées et si inopinées, que l'on ne doit pas espérer pouvoir jamais se considérer comme assuré de n'en avoir aucun. M. Vicaire a discuté avec beaucoup de développements l'opinion que nous combattons, dans une note insérée au recueil des pièces annexées aux procèsverbaux de la Commission (1). A la vérité l'excès d'aérage risque de faire sortir les flammes des tamis, mais il suffit à cet égard de réduire la vitesse en donnant aux galeries des sections suffisantes et répartissant le courant en plusieurs circuits dans la mine. Quant à l'intensité du coup de feu, s'il vient à se produire, elle est indépendante de la vitesse de circulation, laquelle, quoique comparable à celle d'inflammation, est peu de chose par rapport à la rapidité de la propagation due à l'expansion dynamique de l'atmosphère. Elle n'influe du reste nullement sur la quantité d'air qui s'introduit pendant la durée du phénomène, cette durée étant négligeable. Mais il est une considération capitale qui exige un aérage vif, c'est celle de la respiration des hommes. L'air pour être respirable doit contenir au moins 15 p. 100 d'oxygène. L'atmosphère naturelle en renferme 21. On trouvera donc prudent de ne pas descendre au-
dessous de 18, ce qui représente une perte de 3 p. ioo ou!.7. Il faut d'après cela, pour ne parler que du grisou comme cause de viciation, envoyer au moins six fois plus d'air qu'il ne se dégage de gaz. Mais cette proportion correspond à peu près à la teneur la plus explosible. On se trouve par suite forcé d'exagérer encore l'envoi d'air, et beaucoup même, pour tenir compte des défauts d'homogénéité de la masse, qui seraient d'ailleurs surtout sensibles avec un aérage restreint. Si on méconnaissait le point de
(i) Bulletin de. la Société de l'industrie minérale, 20 série, tome VII, page 679.
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(1) Pièces annexées, etc., page 13 à ai.