Annales des Mines (1880, série 7, volume 18)
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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR A GLASGOW. 545
542 EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR A GLASGOW.
La chaudière repose sur quatre piliers en fonte de im,20 de hauteur; les conduits intérieurs sont terminés par des cheminées de 21',4o en tôle doublées de briques.
Le 5 mars s88o, vers 7 heures et demie, un peu avant le départ du poste du jour, les ouvriers du poste de nuit étant déjà arrivés, il y avait environ 70 hommes dans cette partie de l'usine. À ce moment la chaudière s'est subitement séparée en plusieurs fragments lancés dans toutes les directions, dévastant tout à l'entour et renversant une grande partie du toit, pendant que l'eau bouillante de cette chaudière et la vapeur de toutes les autres envelop. paient les assistants :25 ouvriers ont été tués et 25 blessés.
L'examen des débris a clairement démontré que la chaudière a cédé le long d'une rivure longitudinale audessous du trou d'homme, où la tôle était corrodée jusqu'à l'épaisseur d'un tranchant de couteau par une fuite continue provenant de cette ouverture. La déchirure gagnait la rivure transversale au-dessus du trou, suivait cette ligne et se propageait en hélice, faisant deux fois le tour de
la chaudière et déchirant quatre viroles successives;
la
bande ainsi formée s'est largement développée et a été rejetée en avant. Les deux viroles inférieures ont été brisées en deux ou trois fragments et lancées à une distance considérable de l'autre côté de la forge ; enfin la partie principale de la chaudière, formée des sept viroles supérieures
et des conduits intérieurs, intacts ou à peu près, a été lancée verticalement et est retombée à 20 mètres de distance en détruisant une grande partie de la toiture. Cette chaudière était en service depuis 20 ans, mais la fuite peut être beaucoup plus récente, il ne lui faut pas un aussi long temps pour exercer ses ravages. Les chaudières n'étaient soumises à la visite d'aucune compagnie d'inspection ou d'assurance ; mais il a été dit que deux habiles ouvriers au service des propriétaires avaient pour unique emploi la surveillance des chaudières , et que
celles-ci étaient régulièrement inspectées chaque semaine. En présence des faits constatés, il faut reconnaître que cette inspection laissait à désirer, et que l'attention des vi-
siteurs ne se portait pas sur certains points du plus haut intérêt, car cette corrosion extérieure a dû être sensible bien avant d'avoir atteint sa limite extrême ; de plus, un croquis communiqué par M. Marten (1 montre la chaudière sans
aucune enveloppe extérieure, la fuite et la corrosion auraient donc toujours été visibles.
Ces faits démontrent qu'il n'y a pas de sécurité sans inspection permanente de l'état des parois d'une chaudière ; ils dispensent de tout autre commentaire. » (*) M. Marten, ingénieur en chef de la Compagnie d'inspection et d'assurance des chaudières à vapeur du Centre (Midlancl).