Annales des Mines (1881, série 7, volume 20)
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SUR LA NATURE DE L'ACIER
jours le bandage dur gui est alors le plus usé. Ces différences se rencontrent rarement, ajoute-t-il, parce qu'en général les fabricants de roues placent sur le même essieu des bandages d'égale dureté ; mais il y a des exceptions, et c'est alors qu'on peut constater le fait de l'usure inégale qui a toujours lieu dans le sens ci-dessus indiqué. M. J. Reese, de Philadelphie, insiste sur ce point, trop
oublié en effet, que le carbone seul augmente la ténacité du fer en même temps que la dureté; que les autres éléments, en accroissant la dureté, développent la fragilité, ou l'aigreur; qu'il ne faut donc pas confondre le carbone avec les autres éléments. C'est l'excès de ces derniers qui faciliterait l'usure des rails. M. Chanute, l'un des ingénieurs les plus distingués des railways américains, approuve les conclusions générales de M. Dudley ; il est, dit-il, sur la bonne voie ; il demande
que le travail soit continué; que d'autres compagnies fassent aussi analyser les rails qui se sont le mieux et le
plus mal comportés. Il s'élève seulement, comme les fabricants de rails, contre la prétention des compagnies de chemins de fer, de vouloir enseigner aux maîtres de forges
l'art de fabriquer de bons rails. Elles doivent se contenter de contrôler les produits et de donner aux fabricants les renseignements les plus complets sur la nature chimique et physique des rails qui ont le mieux résisté au trafic. En résumé, on le voit, personne n'a sérieusement critiqué la conclusion générale que les rails doux s'usent moins la que les rails durs, mais tout le monde s'est élevé contre prétention de vouloir formuler, dans un cahier des charges, la nature chimique de l'acier des rails. Il faut laisser à .chacun son métier. Au fabricant de choisir les matières premières et le mode de fabrication, au consommateur de dire les. propriétés mécaniques des rails, essieux et bandages qu'il considère comme bons ; sauf à fixer peut-être, comme dit, nous le verrons, une certaine pureté de métal. Cela
LE PLUS CONVENABLE POUR LES RAILS.
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revient la question, quel est le degré de douceur ou de dureté
qui correspond au maximum de durée des rails? Comme je l'ai déjà dit, on ne peut songer à l'acier extra-doux, au fer doux fondu, au métal que l'on recherche pour les chaudières à vapeur, et les coques de navires. Il se déformerait sous la pression, il ne serait pas suffisamment rigide. Il faut un métal plus résistant et plus dur. S'il s'agissait
d'acier pur, d'acier au creuset, simplement carburé, on pourrait, sans nul doute, adopter un métal relativement dur, parce qu'alors la dureté est alliée à la ténacité (*); mais comme il s'agit d'acier commun, plus ou moins souillé d'éléments étrangers, la dureté implique toujours un certain degré d'aigreur, ou de. fragilité, qui non seulement favorise les ruptures, mais aussi, comme on vient
de le voir, l'usure des rails. Au fond, ce n'est donc pas la dureté proprement dite qui est à craindre, mais bien celle qui est due aux impuretés. Plus un rail contient d'éléments étrangers, plus vite il s'use. Il faut donc que l'acier pour rails ne renferme, outre le carbone, que la proportion strictement nécessaire d'éléments étrangers pour lui donner une certaine dose de rigidité sans fragilité. Cette dose-limite varie avec celle du carbone. Plus l'acier renferme de carbone, moins il supporte d'éléments étrangers sans devenir fragile (aigre). C'est ce que Terre-Noire a
prouvé pour le phosphore et M. Mazek pour le silicium; et c'est aussi ce que l'on constate pour le manganèse, quoique son influence délétère soit moins prononcée et qu'il puisse même jusqu'à un certain point, lorsqu'il y a peu de carbone, corriger les défauts provenant du phosphore et du silicium. Par suite, on ne saurait fixer un minimum (*) Je rappellerai ici que si la dureté entraînait l'aigreur, il faudrait à tout jamais exclure les fils d'acier des câbles de mines. Or on sait qu'en Allemagne on préfère les câbles en acier aux câbles en fer, mais aussi on ne se sert pour ces câbles que d'acier carbure pur fondu au creuset.