Annales des Mines (1882, série 8, volume 1)
Page : Image 19
Révision de 14 févr. 2015 16:00:42, edited by Anonymes
20
DU RÔLE DES POUSSIÈRES DE HOUILLE
d'une faible explosion initiale. Au moment où l'accident s'est produit il n'y avait pas d'ouvriers depuis vingt-quatre
heures dans la mine, on ne sait donc pas si les galeries principales elles-mêmes n'avaient pas été envahies par le gaz, par suite du défaut de ventilation. Puits Cinq-Sous, à Blanzy (Saône-et-Loire) (12 décembre 1867) (*).
L'accident eut lieu dans un quartier très vaste primitivement exploité par la méthode des grandes chambres sans
remblais. Cette méthode appliquée dans une couche de 12 mètres de puissance avait produit de grands vides où se déclaraient souvent des incendies. Pour remédier à cet état de choses on avait commencé depuis quelque temps à remblayer avec beaucoup de soin, mais malgré cela on luttait difficilement contre le feu. Le champ d'exploitation était divisé en quatre quartiers aérés successivement par un même courant d'air ; le quartier de la descenderie consistait en un traçage en cul-desac descendant en vallée au-dessous du niveau de 200 mètres. Le quartier du nord était formé par le dépilage d'une grande tranche horizontale située entre les niveaux 200 et 188. Aux étages 170 et 165 on déhouillait une première tranche de houille.
Le 12 décembre 1867, à ii heures du matin, une violente explosion se produisit ; tous les ouvriers du quartier nord et de la descenderie furent tués, sauf deux qui tra-
vaillaient dans un chantier en cul-de-sac, voisin de la descenderie et ne s'aperçurent de rien. A l'étage 17o, tous les ouvriers succombèrent également. A l'étage 1.65 ils échappèrent presque tous. L'explosion paraît avoir pris naissance dans le quartier (*) Pièces annexées aux procès-verbaux dela Commission du grisou. T. II. Rapport de M. Delafond.
DANS LES ACCIDENTS DE MINES.
2
de la descenderie; cela semble résulter de la position des chariots après l'accident ; elle indique en effet l'existence de
deux courants de flamme en sens opposés qui sont partis de l'origine de la descenderie pour se diriger dans la voie de niveau 200, l'un vers le puits, l'autre vers le quartier nord; c'est aussi dans ce quartier de la descenderie que la violence de l'explosion a été la plus considérable. Parmi les ouvriers qui avaient succombé, les uns étaient brûlés, les autres asphyxiés. Dans tous les chantiers de la descenderie, sauf un, et dans les chantiers nord en culde-sac ils ont été asphyxiés; dans les chantiers non en culde-sac ils ont été brûlés. Après l'explosion on trouva des croûtes de coke qui sur certaines parois atteignaient 15 millimètres d'épaisseur; elles se montraient surtout dans le quartier de la descenderie. La voie de roulage du niveau 200 qui fut parcourue par la flamme dans toute sa longueur en était à peu près exempte. Dans les chantiers en cul-de-sac les croûtes de coke s'arrêtaient à 5 ou 6 mètres du front de taille. La ventilation étant naturelle, un seul courant d'air traversait successivement tous les quartiers. Le grisou avait toujours été très abondant dans cette region et avait occasionné déjà plusieurs accidents. Le 25 avril 1851 une explosion tua cinq hommes au niveau 200. Les ouvriers travaillaient habituellement la tête dans le grisou. Le 29 septembre 1855 une explosion se produisit au niveau 215 et tua tous les ouvriers, au nombre de onze, employés en ce point. Les travaux étaient en cul-de-sac et le grisou très abondant. Cette exploitation fut abandonnée à
la suite de cet accident. On essaya de la reprendre en 1860, mais le grisou était très abondant, des incendies se déclarèrent, et l'on abandonna encore les travaux. On tenta
de nouveau de la reprendre en 1867; c'est alors que se produisit l'accident décrit ici.