Annales des Mines (1882, série 8, volume 1)
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DU RÔLE DES POUSSIÈRES DE HOUILLE
DANS LES ACCIDENTS DE MINES.
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Pour prévenir les inflammations de poussières occa-
d'enlever les poussières, on pourra aussi essayer l'arro-
sionnées par le tirage des coups de mine, il sera bon, surtout pour les coups tirés au ras du sol de prendre des pré-
sage, mais évidemment une agglomération des poussières,
cautions spéciales pour éviter le débourrage, telles que faibles charges, bourrage soigné, etc. On pourra de plus
suppression complète.
balayer et enlevée les poussières sur une certaine longueur. Ces précautions seront particulièrement importantes dansles mines grisouteuses, où une inflammation d'une petite quantité de poussière peut allumer des amas de grisou et entraîner
par suite un grand accident. Dans les mines non grisouteuses, il suffira peut-être que les ouvriers se retirent un peu plus loin dans les cas où l'on a affaire à des poussières facilement inflammables. Il n'y a pas en effet d'exemples connus de flammes et de poussières ayant dépassé 5o mètres.
La rareté des accidents de cette nature et leur peu d'importance fait hésiter à recommander de plus grandes précautions qui auront certainement d'autant moins de chances d'être suivies qu'elles seront plus compliquées. Enfin, pour prévenir l'aggravation des accidents de grisou occasionnés par les poussières, c'est-à-dire le seul danger vraiment sérieux qu'elles présentent, on devra s'attacher à employer une méthode d'exploitation laissant le moins d'es-
paces vides passible, et en même temps produisant Io moins de poussières, c'est-à-dire que les bennes qui emportent le charbon au jour devront arriver autant que possible aux chantiers pour y être chargées directement, et les remblais devront suivre de très près les fronts de taille. Comme mesure de précaution tout à fait accessoire, on pourra encore essayer d'enlever les poussières des voies de roulage et des abords des puits ; mais il ne faut pas se dissimuler que cet enlevage n'est possible que sur une petite fraction des espaces vides qui peuvent être parcourus par la flamme du grisou. Dans une mine où les remblayages ne seront pas soignés, où il existerait des chambres non éboulées, cette précaution. serait bien superflue. Au lieu
quelque parfaite qu'elle soit, n'équivaudra jamais à leur
CONCLUSIONS
La longue discussion à laquelle nous nous sommes livrés nous a permis de mettre en relief un certain nombre de faits, qui paraissent aujourd'hui acquis d'une façon certaine, tandis que quelques autres restent encore douteux. L'étude des accidents, dus certainement aux poussières seules, nous a permis d'abord de formuler quelques conclusions importantes. En premier lieu, ces accidents sont extrémement rares:
on n'en connaît qu'une douzaine, tant en France qu'à l'étranger ; pourtant le concours des circonstances qui a oc-
casionné chacun d'eux n'a rien d'exceptionnel, et il s'est vraisemblablement reproduit souvent sans entraîner aucune circonstance fâcheuse.
En second lieu, ces accidents sont peu graves; ils n'ont jamais entraîné mort d'homme immédiate; la flamme ne s'est jamais étendue sur plus de 5o mètres de longueur. Les accidents plus considérables que l'on avait cru pouvoir attribuer aux poussières ont toujours eu lieu dans des mines grisouteuses. Les mines non grisouteuses n'ont jamais été le théâtre de grandes explosions, bien qu'un certain nombre d'entre elles donnent des poussières trèS abondantes et très inflammables. Il en est particulièrement ainsi pour les mines de lignite, quoique les poussières de lignite soient beaucoup plus combustibles que les poussières
de houille. Ces faits ne permettent pas de douter que, dans toutes les explosions importantes, c'est le grisou qui a joué le rôle principal.