Annales des Mines (1882, série 8, volume 1)
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MÉMOIRE SUR LA FORMATION
DE LA HOUILLE.
et de détritus végétaux, il me paraît logique d'examiner
concernant la houille, et je me plais à croire que l'analogie me permettra d'établir assez de propositions pour pouvoir,
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tout d'abord leurs différents états fossiles et leur arrangement dans la houille même, car par ce moyen j'obtiendrai les éléments d'une théorie basée sur l'observation. En premier lieu, je passerai en revue les états de désintégration et de gisement des plantes fossiles, ces états étant de nature à éclairer sur les circonstances qui ont précédé et accompagné leur enfouissement. En observant ensuite comment la houille est composée de débris végétaux, j'espère parvenir à déterminer le véritable procédé qu'a employé la nature pour former les couches de ce combustible. L'étude que j'ai faite des plantes fossiles dans leurs relations avec le terrain houiller, renseignera sur les conditions générales du phénomène. Sous ce rapport, le mémoire actuel se lie à mes recherches de botanique fossile publiées sous le haut patronage de l'Institut ; plus que cela, il est fondé en partie sur ces recherches. Il serait en effet bien difficile d'expliquer la formation de la houille sans con. mitre la nature de la végétation et les conditions topographiques de son développement, non moins que les différents états fossiles des débris organiques dont se compose le charbon minéral. Du moins je n'ai pas cru pouvoir publier avantageuseinent les observations que j'ai faites depuis longtemps sur la houille et le terrain houiller avant d'avoir acquis des idées suffisamment nettes sur la végétation, cause et objet de la formation qui nous occupe. On verra, par exemple, que la connaissance exacte des stigmariées éclaire la question d'un nouveau jour. Afin d'arriver à clos conclusions plus générales et de les relier par degré aux phénomènes actuels, j'ai étendu mes recherches aux stipites et aux lignites, c'est-à-dire aux combustibles secondaires et tertiaires, et étudié le tourbage et autres productions semblables du monde vivant. J'ai interrogé en un mot tous les faits présents et passés
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en les rapprochant et généralisant, reconstituer à grands traits l'ordre de choses qui a régné à l'époque houillère et
présidé à la formation des couches de houille. J'ai mis tout en oeuvre pour y parvenir, persuadé de plus en plus qu'on n'aura une bonne théorie des houilles que quand on aura fait revivre les temps de leur formation. Comme méthode d'exposition, je décrirai, à chaque
point de vue, les faits que j'ai observés, et je tirerai ensuite, au fur et à mesure, les conséquences qu'ils impliquent.
SECTION I. ÉTAT DE DÉSINTÉGRATION DES PLANTES FOSSILES.
Dissociation des organes; disjonction des couches corticales ; dé,ssorganisation interne des tiges; morcellement, détrition et7dissolution des débris végétaux. Dissociation des organes. On trouve pour ainsi dire invariablement tous les végétaux du terrain houiller à l'état de parties isolées et dispersées, au grand désespoir
du paléontologiste, qui, le plus souvent, n'a pas d'autre moyen de rajuster entre eux les organes de plantes très différentes de celles d'aujourd'hui que celui de les trouver
- les tiges rompues sont séparées des racines, les organes appendiculaires sont détachés; on n'a
pas encore trouvé d'arbres plus ou moins complets comme
encore, réunies
ceux tombés dans les marais ou comme ceux que les fleuves arrachent à leurs rives et déposent à leur embouchure.
Les inflorescences et surtout les graines sont détachées,