Annales des Mines (1882, série 8, volume 1)
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MÉMOIRE SUR LA FOtiMATION
1878, la Chine a exposé un charbon ligniteux présentant des plaques de bois converties en une même houille que les autres parties tout organisées où l'on découvre, entre les feuillets stratifiés, des tissus croisés qu'à leurs cellules allongées et souvent comme réticulées, on pourrait croire avoir appartenu à des écorces de végétaux de marécages,
Tous les lignites que j'ai vus, ayant la structure mécanique des roches de sédiment, sont, à n'en pas douter, le produit d'un transport par les eaux de débris organiques entraînés dans un état de décomposition pour Conclusion.
le moins aussi avancée que ceux de la houille; la boue végétale et le ciment bitumineux sont peut-être même plus abondants dans le lignite que dans la houille; les débris chlorophylliens y ressortent en lamelles plus minces, représentant en général des plantes herbacées. L'abondance du fusain et
ce fait que beaucoup de débris en ont l'aspect indiqueraient une végétation de terre ferme qui aurait été desséchée en partie avant le transport par les eaux. Je dois dire que dans un lignite à veines mates j'ai vu celles-ci ressembler à de la. vase d'étang et contenir de petites racines ; mais en général la disposition des débris végétaux dans le lignite dénote un léger transport, au moins du voisinage des lagunes dans leur intérieur. M. le marquis de Saporta, ayant remarqué à Manosque, dans les lits bitumineux schistoïdes supérieurs, des feuilles et rhizomes de différentes plantes accumulés comme si ces plantes avaient vécu sur place, et des plaques recouvertes d'une seule sorte de plantes, m'a dit croire que sur une grande largeur les bords des lacs de dépôts ont été envahis par une puissante végétation de plantes marécageuses qui se sont peut-être entassées sur place ; mais il serait porté à croire qu'elles ont aussi été entraînées dans les profondeurs. Et, en effet, dans la substance du lignite, il y a souvent de nombreuses petites coquilles non remaniées. Sa subordi-
DE LA HOUILLE.
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nation en Alsace avec le calcaire coquillier qu'il enrubanne parfois a fait dire à M. Daubrée (*) qu'il résulte d'un dépôt lent d'eau douce.
Tout convie à admettre que le lignite ordinaire s'est formé, dans des lacs, de débris des plantes en majeure partie herbacées qui les bordaient ou bordaient leurs af flents. Sous ce rapport il n'y aurait donc entre la houille et le lignite que la différence du temps et de la flore, différence à la vérité grande, mais non totale. Touiefois il n'existe pas, à Fuveau ni à Manosque, de tiges debout comme dans le terrain houiller, producteur de combustible par excellence. C'est que la formation était réellement lacustre, comme l'indiquent les calcaires et argiles encaissant le charbon de la Provence, ou la structure fissile des lignites de Bonn et de Darmstadt. Un lignite blond très récent de l'Oural m'a paru résulter de substances ulmiques accumulées par l'eau au fond d'une lagune. Ludwig a admis que le lignite de Salzhausen est un pro-
duit de tourbage. Mais M. Hans Tache (*), qui connaît parfaitement le gîte, prend parti pour le transport, en se fondant sur ce que le lit inférieur est formé de plantes ma-
récageuses, de feuilles sans tiges ligneuses, et se laisse diviser en minces lamelles comme du papier, sans présen-
ter aucun indice de racines en place : quant au lit supérieur, formé d'un chaos de tiges, branches et feuilles, il pourrait bien avoir eu l'origine mixte du dépôt de SaintAndré- le-Gaz, d'après ce qu'en dit M. Tache, qui se prononce cependant encore pour le charriage. M. Gemitz a reconnu que la Quaderkohle est formée de plantes terrestres entraînées avec des boues. Je crois que l'Efdlcohle, souillée de matière minérale, est confondue à. tort avec la tourbe ; c'est une boue charbonneuse qui ré*) Bull. Soc. géol., e série, t. VIE, 184-50, p. 449. (*) Das Braunkohlenlager von Salzhausen, 1859.