Annales des Mines (1882, série 8, volume 1)
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DE LA HOUILLE.
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même, en Europe, à la domination romaine : c'est donc 196
MÉMOIRE SUR LA FORMATION
paraît résulter plutôt d'un transport de bois par des afflux
d'eau dans des marais forestiers où les herbes fournis salent un certain contingent de matière végétale. Il est à remarquer qu'il n'y a presque pas de fusain dans le lignite xyloïde ; les arbres étaient-ils donc entraînés avant désorganisation interne, ou, ce qui n'est pas invraisemblable, les conditions climatériques n'avaient-elles pas
changé beaucoup depuis la formation des lignites ordinaires? C'est ce qu'on ne saurait dire. En tout cas, dans les temps géologiques les plus récents de l'époque tertiaire un nouvel ordre de choses paraît commencer dans la formation des combustibles minéraux le tourbage agissait avec le transport de matières végétales par les eaux. Nous verrons qu'il se produit encore des faits analogues.
SECTION VI TOURBAGE ET AUTRES ACCUMULATIONS DE MATIÈRES VÉGÉTALES.
Nous avons maintenant une idée du mode d'accumulation des matières végétales qui ont formé les combustibles minéraux. Il nous reste, pour compléter notre étude, à voir quelles
sont, dans le monde actuel, les phénomènes du même Ordre qui se produisent, et à comparer leurs effets à. la houille.
Examinons d'abord les tourbes et l'opération du tourbage. Généralités.
La tourbe, et cela est à faire remarquer en premier lieu, n'est jamais enfoncée profondément., elle est un produit de l'époque quaternaire, jovienne ou alluviale, on la dit postérieure à la formation glaciaire, ou
une formation essentiellement contemporaine. Elle s'engendre dans des marécages particuliers qui se
remplissent de plantes herbacées à racines entremêlées, mousses, roseaux et joncs, et accessoirement de troncs d'arbres ou de bois. La tourbe s'accumule soit au fond des eaux stagnantes, soit sur le sol mouillé des forêts, soit au bord des lacs, à l'embouchure des fleuves, ou dans les vallées derrière les digues naturelles des rivières lentes à rives basses et plates. C'est une formation très répandue, cligne de plus d'intérêt qu'on ne lui en accorde. Les plantes qui forment la tourbe s'étant développées sur
leurs propres débris désagrégés et décomposés, ce combustible a une structure spongieuse à parties entrelacées, ce que l'on aperçoit encore lorsqu'il est devenu compact ; dans les jeunes tourbes on voit des chaumes verticaux ou obliques qui forment des canaux dans les plus vieilles ; et bien qu'accumulés par assises parallèles, les lits sont à parties enchevêtrées. La tourbe est plus ou moins faite : à la longue la forme
des Spitagnuin disparaît, les rhizomes et racines se reconnaissent difficilement, les parties se désagrègent, la masse prend une couleur jaune pâle, puis brune, mais les tissus persistent très longtemps. Les dépôts tourbeux varient de quelques centimètres à 5, io ou même 20 mètres d'épaisseur. Ils se forment à raison de i mètre tous les trente ans d'après M. de, Brugbat, ou seulement de i pied par siècle (t'après O. Heur. Ils sont plus lents à se former dans les marais que sur les,montagnes, où le phénomène de tourbage accumule plus rapidement la matière végétale que ne font les forêts. Mais le mode de formation de la tourbe n'est rien moins qu'unique, et les végétaux qui y contribuent, indépendam-
ment de leur état de conservation, sont loin d'être les mêmes dans tous les cas. Aussi s'en faut-il de beaucoup