Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1882, série 8, volume 2)

2 18

EXPLORATION DES GÎTES DE COMBUSTIBLES

roches volcaniques situées dans le voisinage et dont la végétation tropicale nous aurait masqué la présence.

f.

Alluvions.

Les alluvions de tout âge jouent un rôle important dans l'Indo-Chine Elles s'y divisent, comme partout, en alluvions

anciennes se rattachant à la période de creusement des vallées, et en alluvions récentes postérieures à ce creusement et correspondant au régime actuel des cours d'eau. Nous n'avons eu que rarement l'occasion d'étudier les alluvions anciennes, nos explorations étant presque toujours restées concentrées dans la partie inférieure des grandes vallées de la péninsule, où ces dépôts sont généralement absents ou masqués par les alluvions récentes. Aussi nous contenterons -nous d'en signaler ici deux exemples

j° Les graviers qui forment comme une auréole autour des collines de Ph'nom-Deck, dont ils raccordent les derniers contreforts avec la plaine entourant les Grands Lacs Cambodgiens, et qui sont empruntés, non seulement aux collines voisines, mais encore à tout le relief montagneux qui limite le bassin des Lacs. Il est probable que ces gra-

viers ont leurs homologues dans les parties hautes des vallées et dans les terrasses qui en bordent le cours moyen. 20 Le dépôt argilo-caillouteux, désigné sous le nom de Bien-Hoâ, que nous avons déjà mentionné dans l'introduc-

tion de ce rapport. Ce dépôt, qui est un mélange non stratifié d'argile généralement ferrugineuse et de blocs ou de fragments peu roulés de toutes dimensions, de quartz, de grauvvackes et de minerais de fer,s'observe principalement sur le flanc des collines qui. terminent le plateau du Laos au sud-ouest, et qui sont comprises dans la province cochinchinoise de Bien-noâ et sur les contreforts orientaux de cette grande arête montagneuse.

ET DES GÎTES MÉTALLIFÈRES DE L'INDO-CHINE.

2i

.Nous l'avons également retrouvé, mais avec un développement beaucoup moindre et une moindre proportion d'argile, dans les collines du Tong-Ring oriental. Les éléments qui le composent paraissent empruntés principalement aux schistes et quartzites avec minerais de fer, que nous avons rangés dans le terrain dévonien, et, de fait, ce terrain s'observe dans le voisinage plus ou moins immédiat de toutes les localités où nous avons rencontré le Bien-Hoâ, de telle

sorte que ce dernier nous semble pouvoir être considéré comme l'équivalent indu-chinois de l'argile à silex du

bassin parisien. La formation de chacun de ces deux dépôts

remonte, en effet, à l'origine de la période alluvionnelle, et leurs éléments solides se retrouvent, stratifiés fluviatilement, dans les graviers anciens caractéristiques de cette période. Nous les avons notamment observés sous cette dernière forme remaniée aux environs de Sargon, dans la légère ondulation de terrain sur laquelle est établi le Jardin botanique, et on les a rencontrés, jusqu'à plus de o mètres de profondeur, dans le grand puits foré pour alimenter d'eau la ville de Saïgon. Disons enfin que, par suite de la rareté des matériaux résistants dans la Basse Cochinchine, le mélange de quartz, de quartzites et d'oxydes de fer est employé pour l'empierrement des routes de notre colonie, auxquelles il communique une coloration rouge intense tout à fait caractéristique, et signalons, en terminant, l'utilisation éventuelle, sans doute encore lointaine, de ces masses vraiment exceptionnelles d'hématite pour la métallurgie du fer. Les alluvions modernes méritent d'être mentionnées à un double titre : leur développement et la fertilité du sol

auquel elles donnent naissance. Ces deux circonstances tiennent d'abord à l'extension même des fleuves de l'IndoChine, ensuite au régime hydrologique de ces fleuves et,

par suite, des conditions météorologiques des contrées qu'ils arrosent.