Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1883, série 8, volume 3)

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L'INDUSTRIE MINÉRALE

occasion, durant les nombreuses courses que j'ai faites dans le pays, des relations que j'ai pu avoir avec eux, de leur accueil cordial, de leur hospitalité, qu'il est impossible d'offrir et de pratiquer de meilleure grâce, mais il me sera bien permis de dire qu'ils sont propriétaires de forges, et non fabricants de fer. Nulle part chez eux on ne retrouve cette influence personnelle et cette activité qui, seules,

avaient permis à M. de Monlevade d'obtenir un travail régulier. Ils possèdent des forges, mais ne les dirigent pas; ils fournissent à un esclave forgeron un fourneau et les outils nécessaires, et l'envoient faire chaque jour une certaine quantité de métat-sans, en général, se mêler autrement au travail que pour vérifier la quantité produite. L'esclave fait comme il sait faire et, si peu habile qu'il soit, il en sait presque toujours sur ce point beaucoup plus que son maître, qui paraît à peine à la forge. On comprend qu'ainsi tout ce qu'il peut y avoir de délicat ou de difficile dans le travail est vite laissé de côté, que les bons procédés dégénèrent rapidement aux dépens de la production et de la qualité. Toute cette population livrée à la production du fer n'en est pas moins intéressante, puisque tout au moins elle a créé et maintient une industrie appelée à coup sûr à faire un jour la principale richesse de la province ; mais, avec cette organisation mauvaise du travail, elle prouverait presque, pour le moment, qu'il ne suffit pas de forger pour devenir forgeron. Une preuve suffira : j'ai cité une forge près de SantaBarbara qui, abandonnant le système italien, en revient aux cadinhos : le seul motif de cette transformation est que le propriétaire avait perdu l'esclave qui travaillait à sa forge, et n'avait pu en rencontrer un autre connaissant le four; le remplaçant qu'il s'était procuré ne connaisneau sait que la fabrication en cadinhos, d'où le changement. 11 y a ici, comme il y a eu sans doute dans tous les pays où a existé l'esclavage, des propriétaires dont les esclaves

DANS LA PROVINCE DE MINAS-GERAES.

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sont charpentiers, ou maçons, ou tailleurs, ces esclaves tra-

vaillent de leur métier là où on leur trouve de l'ouvrage et le maître reçoit leur salaire : on voit que, chez certains propriétaires de forges au moins, il en est de même, et ceux-là, je pense, ne méritent pas plus le nom de maîtres de forges que les premiers celui de maître charpentier ou maître tailleur. Heureusement tous ne sont pas ainsi, je m'empresse de le constater, quelques-uns au moins s'occupent effective-

ment 'de l'industrie qu'ils exploitent et font de louables efforts pour l'améliorer ; c'est à ceux-ci qu'est dû le développement commençant du procédé italien, et la supériorité relative de quelques-unes de ces forges italiennes sur les établissements similaires suffirait à prouver l'intervention 'active du maître; plusieurs voudraient faire mieux encre, cherchent, se renseignent, et seraient tout disposés à changer de méthode s'ils trouvaient quelqu'un qui pût les diriger dans une voie meilleure. Il s'en trouve enfin, mal-

heureusement trop rares, qui travaillent de leurs mains, sans esclaves, et qui, lors même que, faute de ressources ou

de connaissances, ils fabriquent dans des cadinhos, produisent un fer dont la qualité relative suffirait à prouver la supériorité du travail libre sur le travail esclave. On conçoit de reste que l'organisation d'une forge telle que la comprenait la majorité des fabricants rendait bien difficile toute espèce de progrès, mais on voit qu'il n'était cependant pas impossible. De la difficulté qu'il y a, dans les

pays à esclavage, à rencontrer des travailleurs libres qui veuillent s'assujettir à une tâche régulière, il ne faut pas conclure non plus à

cette difficulté au reste

ira s'atténuant de plus en plus à mesure que l'esclavage disparaîtra. 11 ne faudrait donc pas s'exagérer les entraves que l'on rencontrerait à vouloir améliorer encore la fabrication actuelle : c'est là, dans la province, une question à l'ordre du jour, en faveur de laquelle tous les esprits sont