Annales des Mines (1883, série 8, volume 3)
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L'INDUSTRIE MINÉRALE
DANS LA PROVINCE DE MINAS-GERAES.
ses terres les produits agricoles qui lui sont nécessaires, il n'est pas rare de voir une forge faire vivre de 5o à Go personnes, parfois plus. Encore dois-je ajouter qu'il n'est pas besoin d'avoir voyagé longtemps dans le pays pour être frappé de l'aisance relative de la presque totalité des maî-
dioses chez des gens faciles à l'enthousiasme et peu au cou-
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tres de forges. Enfin ce n'est un mystère pour personne que l'établissement de Monlevade, qui, grâce ô son feu catalan, avait une production beaucoup plus élevée, a fourni en moins, de cinquante ans à son propriétaire une fortune considérable. La production si restreinte des forges actuelles ne leur est imposée ni par la concurrence de nombreux voisins, ni par la rareté de la demande ; il n'est, au contraire, pas un fabricant qui ne regrette son impuissance .à satisfaire aux demandes qui lui sont faites ; elle est due bien plutôt à la mauvaise organisation du travail, à la rareté des esclaves
sachant produire le fer, à l'apathie des maîtres, apathie naturelle aux habitants des pays chauds. Le fer produit est
consommé en partie par quelques mines d'or, dont les plus importantes l'achètent à l'état brut et le font travailler par des ouvriers européens ; pour une plus grande part à l'état de clous et fers de mulets et en instruments d'agriculture assez grossiers , et cependant quantité de travaux de serrurerie ou de chaudronnerie pourraient être produits sur place au lieu d'être importés d'Europe : on imagine aisément quels prix ils peuvent atteindre quand ils ont payé et les frais de transport et les droits d'entrée si élevés des douanes brésiliennes. Comme exemple, la pointe de Paris vaut, à Ouro-Preto, environ 5.000 francs
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rant des choses dont ils veulent s'occuper ; projets excessifs qui, cependant, rencontrent l'appui des pouvoirs publics, ce qui dénote le bon vouloir de ceux-ci. Il est trop clair qu'il ne peut vraisemblablement s'agir de créer ici un Creusot de toutes pièces; mais, à prendre les choses telles qu'elles sont, nous voyons une contrée étendue où en général on consomme du fer à peu près partout en petite quantité, où l'on rencontre des minerais également partout, où les transports sont difficiles et chers.
Pour répondre à ces besoins, que faut-il? Non pas des hauts-fourneaux, qui auraient une production exagérée; non pas des machines puissantes et chères, qui ne travailleraient, étant donnée la production nécessaire, que quelques heures de temps à autre, et ne pourraient payer leurs frais d'installation ; mais j'imagine des établissements qui, travaillant d'après les meilleurs procédés connus, puissent avoir une production appropriée aux besoins de la consommation. Quelques forges catalanes convenablement réparties me paraissent devoir répondre parfaitement à ce besoin. Le fer qu'elles produiraient serait préféré à celui qui est actuellement fabriqué, par la même raison qui fait qu'aujourd'hui le fer des forges italiennes est préféré à celui des
cadinhos. Voulût-on le vendre au prix moyen actuel de 5oo francs la tonne, il est facile, en se reportant aux consommations indiquées plus haut pour la forge catalane et en leur appliquant les prix actuels, de voir que la production
d'une tonne de fer coûterait, en frais de fabrication, 15o francs au plus, laissant un bénéfice de 55o francs. -Un
la tonne.
feu catalan, travaillant de jour et de nuit, peut fournir
La production dans son ensemble pourrait, je crois, d'ores et déjà, être de la sorte doublée ou triplée sans que l'on risque de rencontrer des difficultés pour la vente.
6 o o kilogrammes au moins par jour, soit, en trois cents jours de travail, 18o tonnes par an. Il serait facile, en donnant le fer meilleur marché, de faire croître plus vite la consom-
Il y a donc quelque chose à faire, et chacun ici le sent si bien que chaque année voit éclore des projets gran-
mation et d'obtenir sans doute des bénéfices plus considérables. Selon les ressources de la région, selon la densité