Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1883, série 8, volume 3)

Annales des Mines (1883, série 8, volume 3)

Page : Image 153

Révision de 9 mars 2015 07:34:05, edited by Anonymes

280

NOTE SUR LES EXPLOSEONS DE GRISOU

vasse qui paraissait pénétrer dans les strates sur plusieurs mètres de hauteur. A environ 25 mètres de l'avancement gisaient les corps des deux ouvriers, la face contre terre,

derrière un wagon qui se trouvait là dans la galerie. Ils paraissaient avoir pris la fuite, et dans leur course avoir buté contre ce wagon. Une de leurs lampes était à terre à 5 ou 6 mètres de l'avancement. L'autre fut trouvée à environ i mètre ou im,20 de l'avancement, enfoncée dans le menu et la poussière, avec un bois de soutien renversé et brisé, sous la grosse pierre de l'éboulement. Au même lien se trouvaient des vestiges indiquant que les deux hommes s'étaient installés là pour manger : du pain semé çà et là; deux bidons de thé, dont l'un était débouché, mais intact et contenant du liquide. La toile d'aérage, qui partageait en deux la galerie, était partiellement arrachée et brûlée ; elle paraissait avoir été chassée en arrière, et sur une longueur d'environ 2 mètres, elle avait été repliée autour d'une chandelle. Les traces de feu, bois carbonisés, croûtes de coke, étaient intenses et multipliées, surtout sur la paroi située au nord de la toile d'aérage, côté par où le courant d'air arrivait au chantier. L'aspect de ces traces concordait avec l'hypothèse (l'un coup de grisou venu du chantier même. Le long du chemin d'arrivée de l'air, en suivant les chantiers vers le nord. nord-ouest, les effets de carbonisation étaient considéra.

bles; un wagon, par la manière dont ses parois étaient brûlées, indiquait bien que le feu avait dû venir du sud, Les effets mécaniques croissaient le long de cette même ligne à mesure qu'on s'éloignait ; or, on sait que ces effets ne sont jamais intenses au foyer même de l'explosion. Dans la galerie plate elle-même, le bouleversement était capricieux :des wagons qui se trouvaient à l'évitement dela voie avaient eu leur partie supérieure emportée vers l'ouest, tandis que leurs portions inférieures avaient grimpé les unes sur les autres comme sous un effort dirigé ouest-est. La porte

SURVENUES DANS LE BASSIN DU DURHA .

281

de bois qui barrait la galerie près du caution-board paraissait avoir été ouverte de l'est vers l'ouest par la force de l'explosion ; cependant les briques du barrage étaient emportées \T'ers l'est. Il ne faut pas attacher plus d'importance qu'il ne convient à des effets très capricieux de leur nature même ; toutefois l'on peut expliquer, si l'on veut, la plupart de ces faits en admettant que l'explosion, remontant comme tou-

jours le courant d'air, se propagea vers le nord-nordouest suivant la ligne des chantiers, tandis qu'une portion relativement faible de l'effort se faisait seule sentir vers l'ouest dans la galerie plate ; la déflagration principale, continuant de gagner l'air frais, revint vers le sud par la

galeriemaîtresse des North-Crosscuts, et à son passage ,)roduisit dans 'la galerie plate d'autres et puissants effets mécaniques en sens inverse des premiers (*) .

Lorsque, seize ou dix-sept heures après l'explosion, on pénétra dans la galerie plate et jusqu'à l'éboulement voisin du front de taille, tout le chantier craquait et de nouvelles tombées du toit paraissaient imminentes ; de l'aveu de tous les explorateurs, la place semblait très dangereuse. A partir du point où gisaient les deux victimes, les lampes marquaient; plus loin le grisou se dégageait abondamment. On laissa

les lampes en arrière, et après une constatation

sommaire, on se hâta de battre en retraite.

Par la suite, le grisou continua à se dégager, et se fit entendre encore pendant longtemps. Les roches travaillèrent, et le mur se souleva. Dans une visite faite un mois après l'accident, on trouva que l'éboulement s'était complété; des débris étaient tombés sur la grande pierre et en deçà par rapport au front de taille, au point d'obstruer la galerie sur presque toute sa hauteur. La crevasse, plus ou (*) Cette théorie fut présentée, au cours de l'enquête, par I. Fairlie, viewer au charbonnage de Craigend, qui fut le premier

lui pénétra dans ce quartier de la mine après l'accident. Ce témoin s'est montré très affirmatif quant au lieu de l'explosion.