Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1883, série 8, volume 3)

2 96

NOTE SUR L'EMPLOI DES GROSSES MINES

AUX CARRIÈRES DE LAFARGEDUTEIL.

297

un échafaudage .en surplomb d'environ 2 mètres portan conne. Deux maçons gagnèrent alors le fond de la gaune extrémité une' poulie de renvoi et à l'autre un treui lerie; les hommes échelonnés leur passaient les matémain. On manoeuvrait par ce moyen une petite benne riaux qui descendaient par le même chemin que la

descendait sans rencontrer d'obstacles et arrivait à qu poudre. On continuait bien entendu à travailler dans ques mètres de l'entrée de la galerie. l'obscurité la plus complète. Les marteaux et les truelles Ces préliminaires terminés, on commença le chargea étaient interdits : on gâchait le plâtre et on l'employait .qui est sans contredit, de tout le travail, l'opération 'à la main, et les pierres servaient telles qu'elles se préplus dangereuse. Vingt-six mineurs et manoeuvres, chan sentaient. d'espadrilles en cordes, ne portant plus sur eux le moin On commença par remplir deux mètres de galerie objet métallique, boucles -de gilet ou de pantalon, coule avec des sacs de terre ; puis un mètre avec une ma-

etc., montèrent à la galerie et s'échelonnèrent à l'intéri Le maître mineur était au poste d'honneur, à l'entrée la poche. Les 140 barils de poudre avaient été amenés précéde ment à la poudrière, située plus au Sud en dehors da

connerie de pierres hourdée au plâtre. Le temps paraissant manquer, on continua le bourrage avec des

sacs de terre, des pierres et du plâtre employé à profu,' sion,de façon à former un mur offrant le moins de vides possible. De distance en distance, on plaçait de forts

carrière, à mi-flanc .de la montagne. On les défonçait là,p1 rondins de chêne en croix de Saint-André, coincés contre on montait les sacs à dos d'homme jusqu'au sommet» ,les parois et archontes à chaque coude ou puits par des les divisait alors en deux sacs de 25 kilog. ,que l'on desQ buttes également en chêne. Une fois arrivé à la galerie de

dait au frein dans la benne et qui passaient de main i5 mètres, on ne mit plus que des sacs de terre pour aller main jusqu'au fond où le maître mineur les vidait dans plus vite ; mais le premier puits fut maçonnné solidement poche. Cette opération dura six heures. Elle aurait pue 'en pierres et plâtre, ainsi que deux mètres de la première abrégée si le treuil avait .été à double effet. Mais d'un a galerie. On plaçait toujours de distance en distance des côté, les hommes n'étaient pas fâchés de pouvoir sortir croix de Saint-André en chêne. temps en temps pour laisser aux sacs le temps de s'amasse Ce travail de bourrage dura 32 heures consécutives, du l'entrée, car au bout d'une heure l'atmosphère du fondît 17 juin à 5 heures du matin jusqu'au 18 à il heures. La absolument saturée de poussière de poudre et la resp galerie fut alors évacuée et l'échafaudage du haut retiré tion y était très pénible. ainsi que les échelles donnant accès à la mine. On n'avait pas cherché à faire monter les sacs dire' Le maître mineur avait eu soin, avant cette dernière opement de la carrière à l'entrée de la galerie, à cause ,. ration, de découvrir l'orifice extérieur du tuyau de plomb ; voisinage des fours qui aurait été trop dangereux, et d il y plaça une mèche Bickford de 10 mètres de long sur nécessité où l'on aurait été de suspendre le travail d' laquelle il brancha une seconde mèche aboutissant à un toute cette partie de la carrière. pétard qui devait faire explosion cinq minutes avant que Une fois le dernier sac vidé, on étendit sur la pou le feu ne parvint à l'entrée du tuyau. Une corde permettait une couche de paille ; puis on acheva de remplit encore d'arriver à l'extrémité inférieure de la mèche. poche avec du sable et de la terre jusqu'à l'orifice g' Le moment de l'explosion avait été fixé à trois heures de .

.