Annales des Mines (1883, série 8, volume 3)
Page : Image 250
Révision de 16 mars 2015 08:33:35, edited by Anonymes
474 BULLETIN. tuent alors le lignite xyloïde (Lignit). Enfin dans quelques gîtes on rencontre des charbons qui, bien qu'appartenant à l'époque tertiaire et liés étroitement au Braunkoltle, ressemblent absolu. ment par leur aspect à la véritable houille : ce sont les Pechkohle, qui paraissent devoir leur origine à des conditions spéciales, tandis que les Braunkohle se rattachent directement, comme composition et comme mode de formation, aux lignites quaternaires.
Braunkohle. Les lignites du premier type paraissent formés' par un enchevêtrement de débris végétaux, parmi lesquels les
feuilles de graminées et les mousses dominent, avec une certaine quantité d'aiguilles de conifères. Les éléments ligneux ont pris aussi une part importante à la formation de ces dépôts, mais sous forme de rameaux brisés et non encore altérés, plutôt que sous forme de débris ayant déjà subi un commencement de décomposition. On y découvre aussi, surtout en les attaquant par les réactifs oxydants, un nombre considérable de grains de pollen, des diatomées, des débris d'insectes et des spicules d'éponges. L'ensemble offre tous les caractères des dépôts de tourbières. Comme comparaison avec les résultats qu'il avait obtenus pour la tourbe, M. v. Giimbel a soumis à une forte compression du lignite xyloïde provenant d'un tronc de conifère non déformé. Sous une pression de 6.000 atmosphères, la réduction de dimension a été de loo à 84 et à 73, et sous une pression de 20.000 atmosphères de ioo à 82 et à 67, suivant que la compression s'exerçait perpendiculairement ou parallèlement aux fibres ligneuses.
On voit que l'augmentation de la pression n'a pas sensiblement accru la réduction de volume, et qu'en tout cas l'influence de ces fortes compressions est beaucoup moins grande que dans le cas de la tourbe. Cette différence parait devoir être attribuée à ce qu'il n'y a pas ici d'intervalles vides dans la masse, les fibres du bois se montrant, sur une coupe transversale, complètement remplies par une substance noire, matière uhnique, soluble dans la potasse. Aussi les cellules ne subissent-elles qu'une déformation à peine visible ; la masse prend seulement une couleur un peu plus fon-
cées, et dans le cas où la pression s'exerce parallèlement à elles, les fibres ligneuses se plient et s'infléchissent en zigzag. En général on remarque, sur la cassure transversale des lignites ordinaires, des bandes d'un charbon très compact, noir, brillant, alternant avec des lits mats; ces bandes brillantes, étudiées au microscope, soit en lames minces, soit après attaque par les réactifs oxydants, se montrentcomposées principalement de fragments
BULLETIN.
475
de bois ou du moins des parties solides de diverses plantes. Dans quelques gîtes ces bandes brillantes se développent assez pour former de véritables bancs au milieu des couches de combustibles; elles doivent leur origine à la prédominance des éléments ligneux,
dont l'accumulation peut être attribuée au flottage, mais plus souvent encore à l'existence, sur la tourbière, d'une riche végétation forestière ; la preuve en est fournie par une des couches du gite de Wackersdorf, près Scliwandorf, où le dépôt a été silicifié en quelque sorte àl'état naissant : on y voit des lits de débris ligneux, composés de ramules et de rameaux de Glyptostrobus europus, alterner avec des lits plus minces formés, par tourbage, de feuilles de mousses et de graminées.
cette alternance de bandes mates et de bandes brillantes est un des caractères qu'on retrouve dans les combustibles plus anciens, comme la houille.
Une autre analogie à signaler, c'est la présence, dans certains lignites, de fragments de fusain semblables à ceux qu'on rencontre
dans la houille. Les lignites compacts du Traunthal, dans la Haute-Autriche, notamment, en renferment une grande quantité. Ces morceaux de fusain ont absolument le même aspect, la même Irrégularité de contours que ceux de la
- ils colorent à
peine la potasse, et ne sont que partiellement attaqués par l'acide
nitrique et le chlorate de potasse, assez cependant pour qu'on puisse ensuite y distinguer nettement des fibres ligneuses à ponctuations aréolées. On trouve également du fusain dans le lignite de Falkenau, et peut-être un examen attentif en ferait-il découvrir dans la plupart des lignites (*). On voit que, sous ce rapport, il y a continuité parfaite depuis la tourbe jusqu'à la houille, en passant par tous les combustibles intermédiaires.
A l'autre extrémité de la série des lignites viennent se placer les variétés terreuses, correspondant à diverses sortes de tourbes (Schlumnitorf, Moortorn ; on y trouve, comme dans beaucoup de tourbes, des intercalations de dépôts de diatomées, par exemple dans les lignites de Mi tterteich ou dans ceux de Sauforst. Ces lignites
sont constitués presque exclusivement par des débris végétaux réduits à l'état de particules très divisées ; on y discerne des portions de cuticules, des grains de pollen, des spores et parfois quel-
ques fibres de fusain, le tout mêlé à une assez forte proportion (1 M. Grand'Eury dit en avoir observé e dans presque tous les lignites, où il est souvent très répandu ». (Loc. cit., p. 115.)