Annales des Mines (1883, série 8, volume 4)
Page : Image 114
Révision de 10 janv. 2015 13:51:18, edited by Anonymes
200 MOYENS DE PRÉVENIR LES COLLISIONS DE TRAINS.
Il y aurait exception cependant pour les aiguilles qui doivent donner normalement l'une des deux voies à l'exclusion de l'autre, par exemple lés aiguilles en pointe des voies de marchandises dans les gares secondaires. Dans ce cas, il est au contraire tout indiqué d'enclencher l'aiguille
avec les signaux d'entrée de la gare, afin d'interdire l'accès de celle-ci toutes les fois que l'aiguille est faite pour la voie de marchandises et interrompt la continuité de la voie principale. Les choses se passent tout autrement pour les accidents que nous avons placés dans le deuxième cas. La disposition de l'appareil situé à la jonction des deux voies est indifférente , au point de vue de l'accident. C'est évident pour les traversées, appareils fixes; pour les aiguilles, il n'est pas moins certain que l'on peut toujours, quelle que soit leur position, amener des véhicules sur le croisement
et jusque sur le talon même de l'aiguille, et obstruer ainsi la voie principale. Il n'y a donc pas lieu, dans ce cas, ou du moins il n'est pas nécessaire pour la sécurité, de faire entrer le levier de l'aiguille dans les combinaisons d'enclenchement. Ce qui peut être enclenché utilement avec les signaux de la voie principale, ce sont des appareils placés sur la voie latérale et propres à empêcher les véhicules de cette voie d'arriver jusqu'au croisement. Ces appareils peuvent être ou des signaux, ou des appareils agissant. matériellement sur les véhicules, comme des taquets ou blocs d'arrêt, des plaques tournantes ou des aiguilles. Suivant les cas, il y aura lieu d'employer l'un ou l'autre de ces appareils.
Les signaux ont l'avantage de se placer facilement partout et de n'apporter jamais de gêne dans les manoeuvres qui s'effectuent sur les voies de service. Ils ont combinaisons qui ont pour objet, soit de prévenir les déraillements, soit de réaliser de simples convenances de service, alors même qu'elles comporteraient des enclenchements.
RAPPORT DL LA COMMISSION.
2 o1
l'inconvénient d'engendrer facilement la confusion s'il se multiplient trop ; de n'être efficaces que pour des véhicules circulant à très faible vitesse, à cause du peu de développement des voies sur lesquelles ils sont placés ; d'être sans action sur les véhicules en dérive ; enfin, d'être
subordonnés dans leurs effets à l'attention et à l'obéissance des agents. Les taquets, plaques tournantes ou aiguilles de sécurité donnent évidemment beaucoup plus de garanties; surtout par rapport aux manoeuvres faites à bras ou ou à l'aide de chevaux. Les taquets seraient en général impuissants à arrêter un train ou une manoeuvre à la machine ; mais, même dans ce cas, ils auraient encore l'avantage de laisser au moins une trace matérielle de l'infraction commise. Ce dernier avantage est obtenu avec les signaux, si ceux-ci sont appuyés par des Pétards. Nous pensons qu'il y aurait grand intérêt à recourir à ces appareils, notamment aux aiguilles de sécurité, aux taquets et aux blocs d'arrêt, toutes les fois que c'est
matériellement possible. On est bien dans l'usage actuel-
lement de placer des taquets sur les voies aboutissant aux voies principales par des aiguilles ; mais jusqu'à présent on ne les a guère enclenchés avec les signaux; en
outre, on en trouve rarement sur les traversées rectangulaires, où cependant ils peuvent rendre de grands services. L'un de nous a examiné des appareils de ce genre placés à la gare de Bruxelles-Midi; ils consistent en un simple bloc de bois qui vient se poser sur un des rails ou se retirer par l'aciion d'un levier placé dans une cabine de signaliste, et enclenché convenablement avec ceux des signaux et aiguilles. Ces blocs tiennent très peu .de place et peuvent se loger partout; les agents de la gare de Bruxelles paraissent satisfaits de leur fonctionnement.
La Commission pense qu'il y aurait grand intérêt à en développer l'application en France.