Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1883, série 8, volume 4)

262 NOTE SUR L'EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE VERTICALE

où on a posé la pièce a. A Marnaval, les chaudières sont visitées, nettoyées et goudronnées tous les quinze jours ; celle n° 5 l'avait été le 25 mars. Le Si, toute la partie supérieure de la chaudière, c'est-à-dire celle au-dessus de la virole du fond était propre, et ne portait aucune incrustation ni dépôt, mais il n'en était pas tout à fait de même de la virole du fond. A partir de la hauteur des coups de feu, la tôle était recouverte d'une incrustation de i millimètre à 1"-',5 d'épaisseur ; cette épaisseur allait en augmentant à mesure qu'on descendait; peu adhérente dans le haut, elle devenait plus difficile à détacher dans le bas. La pièce a, placée en 1882, longue et peu large, était également recouverte, vers son milieu, d'une couche de peu d'épaisseur, mais comme cette pièce avait été ajoutée extérieurement, elle formait une espèce de poche à l'intérieur, au milieu de l'ancienne tôle, et c'est vers les bords de ce creux que le dépôt atteignait près d'un centimètre d'épaisseur, et était

très adhérent. Extérieurement, et surtout vers le haut, cette pièce a était fortement brûlée et oxydée. C'est en cet endroit que, d'après nous, s'est faite la déchirure initiale, grâce au recouvrement, et peut-être à l'incrustation, qui ont permis à la tôle d'être surchauffée et rougie sous l'action d'un violent coup de feu, d'où des variations brusques de dilatation qui suffisent pour fissurer de la tôle déjà altérée antérieurement. Le bourrelet de tartre a pu augmenter un peu la zone d'action du coup de

feu, mais il n'est pas la cause initiale. Quand il y a une pièce rapportée à l'extérieur, on laisse ordinairement, dans

le pourtour intérieur, se déposer ce bourrelet, de crainte qu'en l'enlevant avec le ciseau et le marteau, on ne facilite les fuites par le matage. En général ce bourrelet n'a guère

d'inconvénients, pourtant on ne devrait pas le laisser subsister à l'endroit des coups de feu; d'un côté, il facilite l'action destructive de ce dernier, et d'un autre côté, pendant le nettoyage de la chaudière, il empêche de recon-

AUX FORGES DE MARNAVAL (HAUTE-MARNE).

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naître les petites fissures qui peuvent exister derrière lui. D'après nous, la déchirure initiale a eu lieu le long des rivets de la partie supérieure de la pièce a qui aurait été surchauffée. La pression en ce point, au moment de l'explosion, devait être de 7 kilogrammes environ. Sous cette

pression et le brusque dégagement d'eau et de vapeur, la déchirure s'est prolongée à droite, à gauche et en haut de l'ancienne pièce de tôle. Cette pièce avait évidemment reçu

un ou plusieurs coups de feu, on s'était contenté de la remplacer sur une petite surface, au lieu de la remplacer

en entier, et les fuites ont pu facilement se propager dans cette pièce déjà altérée. La déchirure verticale s'est prolongée sur toute la génératrice de la première virole, et les

deux quarts de cylindre de chaque côté de cette fente (pièces B et C) se sont ouverts comme les deux battants'

d'une porte, et ont été projetés l'un à l'est, l'autre à l'ouest, tandis que le demi-cylindre, du côté du midi, a été rabattu sur les fours à puddler, par suite de la réaction de la vapeur s'échappant vers le nord. Les 2, 3 et viroles ont été projetées à peu près de même, tandis que le haut, définitivement séparé du bas, a été lancé verticalement en l'air. Les briques du fourneau ont été semées dans toutes les directions, mais principalement vers le 4

nord, par suite du jet initial de vapeur qui est venu les frapper. On peut se demander si la vétusté de la chaudière n'est pour rien dans l'accident. Nous avons dit qu'elle avait été construite par SA larnier, de Paris, en 1859, et timbrée sous le régime de l'ordonnance de 18/13, pour cinq atmosphères et demie. D'après cette ordonnance, l'épaisseur de la tôle, pour pouvoir être timbrée à cette pression, est de 12 millimètres; c'est, en effet, l'épaisseur moyenne de la tôle de la chaudière n° 5 ii millimètres dans le haut et la partie moyenne et 13 dans le bas. Le décret de 1865 ayant supprimé les épaisseurs obligatoires, la chaudière fut essayée