Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1884, série 8, volume 5)

324

ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS DU HARTZ.

remplis par des émanations étrangères à la roche, des lits verticaux d'un gneiss albitique qui sont assez fréquents dans la masse de gabbro. Je crois plutôt que ce sont, comme les précédents, de simples fentes où sont venus cristalliser les éléments acides de la roche déjà formée.

Plus rarement, les fissures sont remplies de prehnite jaunâtre ou de stilbite d'un blanc rosé. En revanche on observe souvent de véritables filons de pegmatite, dont la puissance atteint parfois 1 mètre. Un de ces filons dans la grande carrière du Radauthal, est constitué par une pegmatite graphique à orthose rose et à quartz hyalin, renfermant çà et là de petits agrégats de mica blanc d'argent. L'origine filonienne de cette roche

est prouvée par la présence assez fréquente dans son sein de petits fragments de gabbros enlevés à la paroi. Sur le bord occidental de la formation, quand on suit la route de la Torfbaus à Harzburg, on rencontre au milieu des gabbros plusieurs filons ou amas d'un granite absolument semblable à celui de l'Okerthal, et qui paraît nettement postérieur .à la roche magnésienne. Ce granite, qui est par parenthèse une véritable granulite, renferme des boules de gabbro qui semblent avoir été roulées au milieu du magma liquide ; mais de plus on y observe des petites masses radiées, très nombreuses, d'une amphibole verte. Je crois que cette cristallisation d'amphibole au sein d'une roche très acide, est due à l'influence du gabbro environnant, qui aurait ainsi, longtemps après sa consolidation, exercé sur la granulite un métamorphisme par « échange mutuel, » suivant l'expression de M. Delesse. Je reviendrai du reste sur ces filons de granulite, quand je parlerai des conditions de gisement du gabbro. Il serait absolument inutile de chercher à donner une dénomination lithologique aux innombrables types de roches que l'on rencontre dans cette étrange formation.

GABBROS.

325

Toute classification est impossible. Dans la carrière supérieure du Radauthal, sur un front d'abatage de 50 mètres de longueur, je n'ai pas compté moins de dix variétés absolument différentes, dont les principales sont une véritable oligoclasite sans labrador ni diallage, ne renfer-

mant que de l'oligoclase, du mica noir, et un peu de quartz ; une euphotide à petits grains, renfermant encore un peu de mica, avec un diallage en courtes lamelles et du labrador probablement mélangé d'oligoclase ; une

euphotide type, à très grandes parties, où le feldspath coloré en vert paraît n'être que du labrador ; une roche à olivine très finement grenue, où, au milieu d'un feldspath vert clair confusément cristallisé, apparaissent de très nombreux grains de péridot qui semblent avoir remplacé complètement le diallage. Dans la grande carrière du Radauthal, à 500 mètres en aval, le facies est .plus uniforme. La roche est finement grenue, et ne parait

renfermer que de l'oligoclase, du labrador, du mica et du diallage. A première vue, on dirait d'une oligoclasite ;

il faut regarder de fort près pour apercevoir le minéral augitique. Ce facies persiste jusqu'auprès d'Harzburg, et peut par conséquent être considéré comme le facies normal et typique des gabbros du Hartz. Quand on descend dans la vallée de la Radau par la route de la Torfhaus Harzburg, on rencontre tout d'abord ce même facies qui alterne pendant près de 2 kilomètres avec un facies d'oligoclasite sans diallage ; sur les bords de la formation, cette oligoclasite contient des concrétions curieuses constituées par un agrégat d'orthose d'oligoclase et de quartz, c'est-à-dire par une granulite. Ces concrétions proviennent peut-être de la roche elle-même, peut-être aussi de ce métamorphisme par échange mutuel dont j'ai parlé plus haut et qu'ont exercé l'un sur l'autre le gabbro et le filon de granulite. Dans la partie supérieure de son cours, la Radau roule