Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1884, série 8, volume 5)

DIMENSIONS A DONNER

AUX PILIERS DES CARRIÈRES.

devenus trop faibles pour la pression qu'ils supportent. Le plus souvent ces ruines procèdent par degrés. Le plus souvent aussi les piliers, avant de' céder, donnent des signes précurseurs, avertissant les exploitants et les ouvriers prudents qu'il faut déserter les chantiers du voisinage : on voit leurs parois et leurs angles se désagréger par éclats et se creuser vers le milieu de la hauteur. Mais d'autres fois la carrière s'effondre d'un seul coup tout entière ou en presque totalité, sans que le péril se soit manifesté par des indices très nets, ou assez accentués pour en avoir fait prévoir la gravité et l'imminence. Ces catastrophes subites ne peuvent survenir que si les roches du toit sont à peu près de même constitution sur toute son étendue. Quand alors un pilier est vers la limite des conditions d'équilibre, la plupart des autres n'en sont pas éloignés, et la rupture de l'un d'eux a pour effet immédiat de transmettre un surcroît de charge aux voisins, surtout si les assises supérieures sont dépourvues de flexibilité. Les chutes peuvent se propager ainsi très rapidement et sans intermittences. La hauteur des excavations est d'ailleurs en ce cas une circonstance nuicible; car les blocs qui tombent trouvent de grands vides pour les recevoir et ne se serrent pas de suite fortement, en arcboutant les roches non encore ébranlées au toit.

les excavations récentes ou n'occupant qu'un es_ ace treint, parce que la majeure partie de la charge repose sur les masses latérales intactes, deviennent insuffisantes lorsque ces excavations ont acquis une grande étendue. Alors en effet l'influence du soutien latéral va diminuant et tend à s'annuler, et la stabilité n'est certaine que si les piliers sont assez robustes pour porter le terrain qui est au-dessus d'eux. Leur section doit par suite être déterminée en raison à la fois de leur résistance à la compression et de la dis-

Plusieurs vastes carrières de craie ont fini de cette manière aux environs de Meudon et de Bougival. Il en a été de même, en 1880, de la carrière de tuffeau de VieuxPorts, dans le département d'Indre-et-Loire, qui en s'abîmant a fait 26 victimes. Pourtant les piliers y avaient des largeurs qui au premier aspect auraient semblé rassurantes et ceux des crayères de Meudon et de Bougival

étaient en général plus forts que ne le prescrivait l'ancien règlement administratif en vigueur dans les départements de la Seine et de Seine-et-Oise. Mais des dimensions qui donnent pleine sécurité dans

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tance verticale qui les sépare du jour. La résistance à considérer est d'ailleurs celle non point des matériaux extraits, desséchés et durcis par l'exposition à l'air, mais de la pierre contenant son humidité de carrière, qui souvent atteint la saturation ou en approche beaucoup. La différence peut être fort grande ; pour certaines roches elle va à la moitié, et même au delà. Cette nécessité de proportionner la force des piliers aux profondeurs dans les carrières destinées à une existence et à un développement durables, qui n'a guère été enseignée jusqu'ici, à notre connaissance, et que les praticiens ont très souvent méconnue, mérite d'être examinée avec attention. Elle est évidente quand le terrain est traversé par de nombreuses fentes. Si ces fentes affectent toute sortes de sens, l'exploitation souterraine ne pourra beaucoup s'étendre sans laisser au-dessus d'elle des masses limitées soit par des plans dont les intersections se trouveraient

à des niveaux plus élevés, soit par des systèmes de plans à peu près parallèles. Ces troncs, plus ou moins irréguliers, de pyramides ou ces prismes à base polygonale sont presque dépourvus de cohésion avec le reste de la roche et par conséquent ne peuvent tenir qu'à la condi-

tion de trouver leur support au milieu des vides. En général les fractures naturelles s'orientent de préférence