Annales des Mines (1884, série 8, volume 6)
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PERCEMENT DES ALPES.
fut cléfinitiment rejeté, par suite de l'insuffisance du développement des lignes d'accès, lesquelles auraient exigé de recourir, sur les derniers tronçons, à l'expédient des tunnels hélicoïdaux, faisant perdre ainsi le bénéfice de la faible longueur du tunnel de faîte.
Le tracé définitivement adopté a une longueur de 10.240 mètres ; la cote d'entrée, à Saint -Anton , est
1.202. Sur les 4.500 premiers mètres, la rampe est de 2 p. 1.000, ce qui porte à 1.310,61 l'altitude du point
culminant dans le tunnel. De ce point jusqu'à la tête ouest, la pente est continue et de 15 p. 1.000 jusqu'à la sortie, à Langen, à la cote 1.216,84. Cette forte déclivité, en augmentant la différence de niveau entre les deux
têtes, facilite l'établissement d'un courant d'air naturel, et comme elle est dirigée de l'est à l'ouest, c'est-à-dire dans le sens même du trafic le plus considérable, il n'y a pas à craindre qu'elle occasionne, lors de la mise en exploitation, des difficultés de traction exceptionnelles. Les raisons déterminantes de ce tracé sont les suivantes. Par suite de la faible épaisseur du massif superposé au tunnel (500 mètres au plus), on n'avait vraisemblablement pas à craindre de rencontrer pendant le percement des températures élevées, de nature à compromettre la marche du travail, même dans un tunnel de 10 kilomètres. La puissance des engins mécaniques de perforation permet également de ne pas reculer devant un allongement de la traversée souterraine, pourvu que cet allongement permette d'installer les têtes en des points où l'on peut compter sur un débit des cours d'eau suffisant pour assurer d'une façon continue le fonctionnement des machines motrices. Enfin, il y avait un intérêt capital à réduire l'altitude des têtes, afin d'adoucir la raideur des pentes sur les lignes d'accès, et d'éviter surtout de s'engager dans les hautes régions, sujettes aux avalanches.
TRAVAUX "EXÉCUTÉS AU TUNNEL DE L'ARLBERG. 263
Conditions hydrologiques et géologiques.
La néces-
sité d'une traversée souterraine à l'Arlberg était particulièrement imposée par la rigueur du climat et l'abondance des neiges pendant la saison d'hiver. Tandis que la température se maintient à Bludentz entre 12° et 15°, elle descend jusqu'à 37°, dans les hautes régions, moins abritées des vents du nord. Comme on le voit par le tableau graphique (fig. 3, Pl. VI), la neige tombe entre Saint-Anton et Langen pendant près de sept mois de l'année, et atteint une hauteur de plus de 4 mètres : le tableau est établi sur la moyenne des observations de dix années. On doit remarquer, en outre, que la ligne d'accès du Vorarlberg-Bludentz-Langen se trouve dans des conditions bien plus défavorables, au point de vue de la chute des neiges et de leur durée, que la ligne du Tyrol-Landeck-Saint-Anton : il fallait donc entrer de ce côté en souterrain au point le plus bas possible, et l'altitude de la tête ouest est en effet de près de 100 mètres inférieure à celle de la tête est. Le côté du Vorarlberg est également le plus pauvre au point de vue des forces disponibles pour le fonctionnement des moteurs : les ressources hydrauliques sont limitées, et pourraient même devenir insuffisantes, à certaines périodes de l'année, pour assurer les services de la perforation mécanique et de la ventilation. En effet, lorsque la force doit être transmise à des distances de 5 et 6 kilomètres, l'effet utile, c'est-à-dire le rapport du travail du récepteur au travail du moteur diminue rapidement. Un perforateur à air comprimé qui développe quatre chevaux de force au front de taille n'exige pas moins de vingt-trois chevaux de force initiale, et l'effet utile réel de l'ensemble des installations de Goeschenen, à la tête nord du Saint-Gothard, n'a pas été évalué à plus de 4 p. 100. Aussi, dans le projet de percement de l'Arlberg, il avait été fait une large part au travail à la