Annales des Mines (1884, série 8, volume 6)
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PERCEMENT DES ALPES.
saires à l'exécution de la voûte ; leur insuffisance devint si manifeste, que l'on dut recourir à des moyens mécaniques, et installer un monte-charge mobile pour faire
passer les wagons directement d'un étage à un autre. Mais ces appareils étaient encombrants par eux-mêmes, d'une manoeuvre difficile, d'un déplacement plus difficile encore, et ne réussirent pas à fonctionner convenable-
ment ; après plusieurs mois d'essais, on dut renoncer à les utiliser, et s'en tenir aux seuls plans inclinés (*). () Le monte-charge, placé sur la voie de la cunette du stress, se compose d'un bâti fixe, formé de deux flasques disposées de chaque côté et parallèlement à la voie, et reposant quatre verrins qui servent à en régler la position. Ce bâtisur large à l'intérieur pour laisser passer librement les est assez wagons sur la voie de la cunette. Pour les manoeuvres d'ascension et de descente, on se sert d'un châssis rectangulaire qui se déplace verticalement à l'intérieur du bâti; il est muni de deux rails dont les extrémités sont taillées en biseau, de sorte que, lorsqu'il est au bas de course, il n'y a aucune difficulté à faire passer un wagon de sa la voie fixe sur ces rails. A chacun des angles du châssis sont attachées des chaînes dont l'autre extrémité est fixée aux tiges de quatre pistons hydrauliques, placés aux angles du bâti. Ces chaînes passent sur des poulies de renvoi et un système de moufles, de façon à établir la relation exigée entre la course des pistons et celle du châssis; cette dernière est de 4 mètres. L'introduction de l'eau comprimée sur les pistons moteurs détermine l'ascension du châssis, dont les rails se raccordent alors avec ceux de la voie des abatages. L'appareil est calculé pour enlever un poids de 1 tonnes en plus du poids du châssis, qui est de 1 tonne. La pression de l'eau dans les cylindres est de 30 atmosphères; la dépense totale, de 96 litres par ascension. L'eau comprimée est fournie par deux pompes, actionnées par un cylindre à air comprimé, de la force d'un cheval-vapeur ; elles donnent, en marche normale, 11 litres d'eau par minute, avec une dépense de 140 litres d'air comprimé à 5 atmosphères. Un accumulateur emmagasine l'eau sous pression fournie par les pompes, pendant que le monte-charge ne fonctionne pas. Cet accumulateur se compose d'un piston qui se déplace dans un
TRAVAUX EXÉCUTÉS AU TUNNEL DE L'ARLBERG. 273
Ce n'est pas seulement le transport des matériaux qui
se fait avec lenteur dans ce système d'attaque, c'est
aussi et surtout la mise sur wagon des matières abattues. Lorsque, après avoir excavé la calotte, il s'agit d'attaquer l'étage inférieur, soit qu'on le prenne avec une cunette de stross (fig. 6) ou sans cunette (fig. 7, Pl. VI), la première attaque se fait nécessairement par des fouilles a a en contre-bas de la voie de service V; il faut charger les déblais sur la banquette bb, et les reprendre ensuite pour la mise- sur wagon, l'effort de l'homme s'exerçant toujours de bas en haut. En cas de venue d'eau, il est impossible de procéder à l'épuisement, et il n'était pas rare de voir au Saint-Gothard les mineurs travailler dans l'eau jusqu'à mi-jambes.
On conçoit facilement que, dans de telles conditions, les chantiers d'élargissement se soient allongés outre mesure en arrière de la galerie de direction. Au moment où celle-ci fut percée, les retards d'exécution sur les délais prévus au cahier des charges étaient de 600 mètres pour le battage au large, la cunette du stross, le stross. 2.160 1.350
La galerie de direction elle-même avait un retard de 400 mètres, le percement ne s'étant effectué que le iee mars 1880 au lieu du 31 décembre 1879. cylindre vertical, chargé d'un poids correspondant à la pression de 30 atmosphères, qui agit à la surface. Le piston se soulève d'une quantité proportionnelle au volume de l'eau introduite, et la restitue au monte-charge quand on ouvre le robinet d'ascension. Le volume total d'eau emmagasinée est de 120 litres et suffit largement à une ascension. La charge compensatrice, suspendue au chapeau du piston, est de 20 tonnes, et consiste en saumons de plomb. Au fur et à mesure de l'avancement des travaux, on est obligé d'enlever cette charge à la main, pour faciliter le déplacement de l'appareil.