Annales des Mines (1884, série 8, volume 6)
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PERCEMENT DES ALPES.
A l'Arlberg, où l'épaisseur du massif superposé ne dépasse pas 500 mètres, au lieu de 1.600 qu'elle atteignait dans les deux souterrains précédents, on ne devait pas s'attendre à rencontrer ces températures élevées de 300, qui paralysent complètement les efforts de l'homme. La question de température n'était donc que secondaire, et l'organisation des travaux s'inspira surtout de la pensée de concentrer les chantiers sur la moindre longueur, en terminant aussi rapidement que possible les maçonneries de la section entière du tunnel. On a déjà vu que la nature des roches traversées rendait cette précaution indispensable. Ce fut donc la galerie de base que l'on adopta comme
galerie de direction. Une autre raison de ce choix, c'est qu'à la tête ouest, où les forces motrices naturelles menaçaient d'être insuffisantes, on avait décidé de substituer au perforateur à air comprimé le perforateur à eau comprimée, qui consomme moins de force. Or, ce dernier perce des trous de 0m,07 à 0m,08 de diamètre, qu'on charge
avec des cartouches de dynamite de 20 à 30 kilogrammes : il devient alors indispensable de percer la galerie à la base, pour éviter les dislocations que ces fortes charges produiraient dans le ciel du souterrain. Le travail fut, par conséquent, organisé de la manière suivante :
TRAVAUX EXÉCUTÉS AU TUNNEL DE L'ARLBERG. 275
roche laissé intact, et qu'on fait tomber en même temps que l'on bat au large. A. mesure que les fronts de taille de la galerie de calotte s'éloignent du puits d'amorçage, on perce dans le massif laissé intact des trous verticaux, sous lesquels les wagons viennent se placer dans la galerie de base pour recevoir les déblais. Les deux galeries une fois ouvertes, on bat au large pour donner à l'excavation la forme de la calotte. Le boisage s'effectue à l'aide de chandelles reposant sur une longue poutre horizontale qui s'appuie elle-même sur le stross encore intact, au moyen d'une saignée pratiquée à l'avance. Pour la facilité de la manoeuvre, on compose cette poutre de deux pièces distinctes assemblées. A mesure qu'on procède à l'abatage du stross, on la soutient sans difficulté par une nouvelle ligne de chandelles. On commence la maçonnerie par les piédroits ; pour la voûte, on emploie des cintres métalliques formés de deux demi-cercles en fer, réunis par une éclisse et reposant sur des sabots métalliques encastrés dans la roche. On n'emploie la pierre de taille qu'exceptionnellement et dans les parties exposées à de très fortes pressions. La pierre courante est le micaschiste brut, qui se débite facilement à la carrière sous forme de dalles de grandes dimensions.
Dans les conditions normales de travail, le déblaiement
1° Tête est.
De ce côté, la roche est relativement solide, et l'on n'a pas à craindre d'éboulements immédiats. On donne à la galerie de direction 2m,75 de large sur 3m,50 de hauteur. Tous les 60 mètres environ, on pratique au toit de cette galerie un puits vertical qu'on
pousse jusqu'à la voûte du tunnel (voir la série des opérations, fig. 8, Pl. VI), et qui sert à l'ouverture d'une seconde galerie, dite galerie de calotte, de 2m,00 sur 2m,50, superposée à la première, et séparée d'elle par un massif de
d'un anneau complet, de 6 à 8 mètres de largeur, s'effectue en 20 jours et la maçonnerie en 14.
Du côté ouest, la mauvaise tenue des roches a obligé d'apporter des modifications pro20 Tête ouest.
fondes à la marche du travail. La section de la galerie de base a dû être ramenée à 2°1,20 de côté pour l'attaque à la machine, et portée ensuite à ses dimensions normales
par le travail à la main. Cette mesure avait pour but