Annales des Mines (1885, série 8, volume 7)
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300 GÉOLOGIE GÉNÉRALE ET MINES DE DIAMANTS
prix, ce qui portait la valeur apparente de la mine aux prix fantastiques de plus de 200.000.000 francs. L'esprit de spéculation qui s'était emparé de la population de Kimberley, ne pouvait laisser échapper. l'occasion de faire rentrer dans le mouvement spéculatif les quatre mines, si longtemps presque entièrement abandonnées, de de Beers, Dutoit's Pan, Bultfontein et Jagersfontein.
Les trois premières de ces mines, après une période d'abandon complet, pendant laquelle leurs daims se donnaient ou se vendaient pour 500 à 700 francs la pièce, avaient commencé, dès la fin de 1879, à appeler l'attention de quelques spéculateurs plus avisés , qui avaient porté le prix des daims de 3.000 à 6,000 francs. En quelques mois, tout fut mis, dans les quatre mines dont nous parlons, en compagnies, la hausse fut formidable et les daims montèrent à 25.000, 50.000 et jusqu'à 150.000 francs. A de Beers, 18 sociétés anonymes étaient créées avec un capital nominal de 57.000.000 francs. A Dutoit's Pan, 26 sociétés anonymes représentaient un capital nominal de 90.000.000 francs. A Bultfontein, 17 compagnies représentaient un capital nominal de 34.000.000 francs.
La hausse qui avait lieu sur les actions portait, en outre, le capital de toutes ces compagnies au double de leur valeur nominale. Si les capitaux nominaux de toutes les compagnies minières ainsi créées étaient énormes, par contre le capital argent demandé, soit comme fonds de première installation, soit comme fonds de roulement, était absolument insuffisant pour faire face, soit à l'achat de l'énorme matériel nécessaire pour le déblaiement des parties élevées pauvres des mines nouvelles, soit aux dépenses de l'ex-
traction du reef à Kimberley. Presque toutes les com-
DE L'AFRIQUE DU SUD.
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pagnies durent avoir recours à l'emprunt, et les sommes avancées peu à peu, tant par les banques locales inté-
ressées à la prospérité des mines que par les maisons européennes déjà engagées, furent énormes et atteignent encore actuellement le chiffre de 30.000.000 francs.
Grâce à ces emprunts, le travail qui fut fait dans les quatre mines en 1881 et 1882 fut gigantesque. Pendant qu'a Kimberley, on enlevait des quantités formidables de reef éboulé, dans les autres mines on déblayait les parties élevées pauvres, 'ainsi que les débris autrefois accumulés par les petites exploitations. Mais pendant ces années 1881 et 1882, presque partout les dépenses ex-
cédèrent les recettes, et les résultats de presque toutes les compagnies furent nuls ou négatifs. La spéculation qui n'avait pas été supportée par les résultats immédiats sur lesquels elle comptait, -n'avait naturellement pas pu soutenir les hauts prix qu'elle avait produits, et avait laissé s'effondrer tant le marché des diamants que celui des actions.
Aujourd'hui, l'industrie minière du diamant, à Kimberley, est dans une période de complet relèvement, tant par suite de l'enrichissement des mines en profondeur,
que par la réduction du prix de tous les éléments de l'exploitation (matériel, combustible et main-d'uvre) (*). Un certain nombre de compagnies ont donné déjà de
splendides dividendes, atteignant par an jusqu'à 25 et 30 p. 100 de leur capital nominal. Beaucoup d'autres ont (*) Dans les premiers mois de 1884, le chemin de fer de BeaufortWest 'a l'Orange-River a été ouvert au trafic, ce qui a permis l'em-
ploi des houilles anglaises et réduit considérablement les frais de transport. Le tronçon de 100 kilomètres de longueur restant à construire entre l'Orange-River et Kimberley sera, par suite d'une décision toute récente du gouvernement britannique, livré à l'exploitation avant la fin de 1885. Kimberley se trouvera alors en communication directe par voie ferrée avec les grands ports de Cape-Town et Port-Élisabeth.