Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1885, série 8, volume 7)

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GISEMENTS DE PIIOSPIIATE DE CHAUX

DU CENTRE DE LA FRANCE.

PÉRIODE ÉOCÈNE.

permet pas de s'arrêter à cette apparence et démontre qu'il appartient à un niveau plus ancien, à l'étage du calcaire grossier de Paris.

Nous avons constaté la présence de l'acide phospho. rique en quantité notable dans un gisement de marne autrefois exploité dans les environs d'Argenton, près de la fermedes Prunes, sur la rive gauche de la Creuse. Sa richesse en ossements fossiles et les travaux de Cuvier sur ces débris lui ont donné une certaine notoriété. Au point de vue géologique, ce gisement présente, d'ailleurs, un assez grand intérêt, car il est, dans toute cette partie du bassin tertiaire parisien, le seul repré. sentant d'une formation que l'on retrouve seulement à une très grande distance. Son étendue superficielle n'est que de quelques ares; il forme une poche au milieu des calcaires oolithiques bothoniens. Les parois en sont irrégulières et bosselées et la marne tertiaire englobe des blocs de calcaire ooli. thique dont les surfaces paraissent rongées. A la base, la poche présente une marne argileuse un peu verdâtre dans laquelle sont disséminés des nodules, blancs, crayeux et très friables : l'analyse montre qu'ils; sont formés de phosphate de chaux presque pur. La marne elle-même, après séparation des nodules. et des fragments d'os qu'elle renferme, contient encore. 2 p. 100 d'acide phosphorique. Elle passe à la partie supérieure à un calcaire marneus' jaunâtre à texture grenue, qui, par places, est durci el' tubulé et renferme des lymnées et des planorbes, en trq.

mauvais état de conservation, d'ailleurs , pour être susceptibles d'une détermination exacte. Il offre donc' une grande analogie 'avec les calcaires lacustres de région, qui appartiennent à l'horizon du calcaire de Château-Landon. On serait ainsi tenté de l'assimiler' à ces mêmes calcaires, mais la faune, qu'il renfernie,

Dans le voisinage immédiat de la marnière, on trouve la formation sidérolithique , formée d'argiles blanches kaoliniques flambées de rouge, et de grès à ciment kaolinique plus ou moins siliceux. Malgré leur voisinage, je n'ai pu observer les relations naturelles des deux dépôts; mais comme l'argile et les grès sidérolithiques appartiennent au niveau du gypse des environs de Paris, on voit qu'ils sont postérieurs à la marne lacustre. La 'marnière des Prunes a surtout fourni en abondance des ossements de mammifères, des dents de crocodiles et des débris divers de tortues (Trionyx); à l'époque où elle était en exploitation, vers le commencement de ce siècle,

plusieurs mètres cubes d'ossements furent envoyés à Cuvier, par M. Rollinat, propriétaire du domaine des Prunes, et furent décrits dans le célèbre ouvrage sur les ossements fossiles. Les restes de mammifères, trouvés aux Prunes, appartenaient à des pachydermes (Lophiodon, Pachynolophus)

très voisins des tapirs. Avec les dents, on a rencontré un tibia, des astragales, un calcaneum et des métatarses qui font supposer que ces animaux avaient des membres assez semblables à ceux des tapirs (*)

Les espèces trouvés aux Prunes, sont Lophiodon medium , L. minimum , Pachynolophus (Propalxotherium) aryentonicus, P. isselanus. On y recueille encore, en très grande abondance, des dents d'un crocodile, Crocodilus Rollinati; avec ces dents, Cuvier avait reçu des vertèbres et des os longs. Cette espèce .se distingue des crocodiles vivants par des (*) Les enchaînements du monde animal : Mammifères tertiaires, par Albert Gaudry.