Annales des Mines (1885, série 8, volume 8)
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ÉTUDE SUR LE TERRAIN GLACIAIRE
DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
Le terrain détritique joue un grand rôle dans le département des Pyrénées-Orientales. Il se présente sous des
couloirs déjà préparés par l'usure des roches sous-ja-
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aspects assez variés et doit se ranger dans des formations géologiques différentes. Les montagnes des Pyrénées forment un système fort
abrupt traversé par des vallées à forte pente dans lesquelles se précipitent des torrents aux eaux impétueuses,
alimentés eux-mêmes par une foule de petits affluents descendant d'étroites vallées presque rectilignes et à pentes plus fortes encore que celles des vallées principales. Il résulte de cette disposition générale des lieux que les sommets ont sensiblement la même hauteur dans un rayon assez étendu et qu'on y arrive subitement sans les gradations ordinaires qui préparent l'accès de la plupart des massifs montagneux.
Il en résulte aussi que ces montagnes, formant des sortes de prismes triangulaires couchés, dont l'arête supérieure est peu inclinée, sont exposées, sous l'action des intempéries, à des dégradations puissantes ; et cela d'autant plus .que les forêts et le gazon y sont rares. L'origine,1 de ces dégradations remonte sans doute à l'apparition même de la chaîne et se poursuit de jour en jour, sous l'action des orages, des avalanches et du dégel, lorsque les neiges, fondant avec rapidité sous l'ardeur de ce soleil méridional déjà si chaud au mois de juin, donnent lieu à des écoulements d'eau d'une intensité que ne peut faire soupçonner le volume des torrents à l'époque de l'étiage. Il faut avoir été témoin de la violence de ces phénomènes pour comprendre la puissance de leur action destructive.
I. Des éboulis. Les fragments de roches détachés par les agents atmosphériques forment d'abord des tas inclinés sur les flancs des montagnes et surtout dans les
c e nte es 1.
quefois aussi, lorsque la pente se trouve adoucie au-dessous de la crête, les fragments rocheux qui proviennent de sa destruction s'y répandent au large et forment un obstacle. à la descente de ceux qui continuent
l'éboulement de la crête. Dans ce cas, les fragments n'ayant subi qu'une chute peu importante, sont de forte dimension et anguleux.
Les plus gros sont d'ailleurs distribués d'une manière irrégulière au milieu de ceux de dimension moindre. Comme exemples de ce genre d'éboulis, on peut citer celui du pic de Rougeat (Canigou) et ceux du massif de Carlitte.
Au contraire, les éboulis sur les pentes se distinguent par une distribution régulière des fragments selon leurs dimensions ; ils augmentent de grosseur depuis le terrain naturel jusqu'à la surface et du haut jusqu'en bas de la
pente. Puis, de là, les blocs se répandent dans la vallée.
Comme les vallées secondaires ont souvent des ressauts, sortes de petits plateaux gazonnés dont chacun correspond à un élargissement relatif de la vallée, les blocs rocheux commencent par s'y arrêter, tandis que les pluies entraînent régulièrement les petits fragments qui se transforment en sable lorsqu'ils arrivent dans les régions inférieures. Mais les eaux des orages ou celles de la fonte des neiges finissent par entraîner les gros blocs eux-mêmes et les roulent, de ressaut en ressaut, jusque dans le cours inférieur de la rivière principale. C'est ainsi que dans les Pyrénées-Orientales le Tech, la Têt et même l'Agly ont le lit forme de gros cailloux en gneiss ou en granite, quelquefois même en micaschiste s'il est suffisamment quartzeux, provenant des fragments détachés des hauts sommets.