Annales des Mines (1885, série 8, volume 8)
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NOTE SUR UN ACCIDENT
SURVENU DANS LES MINES DE NOEUX.
tages. De plus, le hourdage de la cheminée et les remblais voisins sont parfaitement perméables. Toute la partie haute de la mine aurait donc dû être infestée de gaz pour qu'il pût y en avoir au point où la cartouche a
été mise. Du reste dans l'hypothèse de la présence du grisou, la cheminée devait en être pleine ; car sans cela le gaz aurait détoné dans la cheminée même et le bec aurait sauté. Si la cheminée était pleine, on aurait eu une explosion plus violente, qui se serait probablement pro-
pagée dans les parties hautes déjà infestées et l'on y remarquerait quelque désordre. On remarquerait aussi quelque dégât dans la deuxième voie de niveau qui dé»
bouche dans la dite cheminée. Enfin, les
surveillants
connaissent bien le grisou, ils ont tout d'abord visité la partie haute, puis sont montés dans la cheminée et leurs lampes n'y ont point marqué la présence du gaz. D'autre part, ils n'ont pas vu de flamme sur le coup de mine, Fiévet non plus. Comment, du reste, admettre que la che-
minée étant pleine de gaz, il n'y en eut pas dans le cul-de-sac et que par suite, les porions n'aient pas été brûlés. Dans de telles conditions, n'est-il pas permis de penser que la cartouche de dynamite a réduit en menus en les enflammant les charbons à son contact, que de plus elle a soulevé les amas de poussières qui se trouvaient accu-
mulés dans la cheminée. A l'intérieur de celle-ci, la combustion ne fut pas vive probablement,- parce qu'il n'y avait pas assez d'air pour que la masse des poussières en
suspension put brûler franchement. L'inflammation à l'intérieur de la cheminée se propagea donc sans violence et par l'ouverture du soufflet vint cracher dans la voie de fond un flot de poussières. Celles-ci, brassées avec l'air frais et entraînées par lui vers la troisième cheminée, y brûlèrent vivement, formant presque explosion. A partir
de ce point s'éloignèrent alors deux courants d'air vio-
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'miment chassés, celui du levant vint enfoncer la porte d'aérage ; celui du couchant vint se. briser à front de la première taille, se divisant en deux parties, l'une s'infléchissant à angle droit, monta vers la partie haute, l'autre, revenant sur ses pas, bouscula les débris déjà arrachés, de telle sorte que, notamment pour les soufflets, on retrouve des morceaux de planches aussi bien à l'avant qu'à l'arrière.
Cette hypothèse de la cartouche de dynamite enflammant les poussières est en contradiction avec ce qui a été dit
des expériences de la Commission Prussienne du
grisou, notamment dans diverses réunions de district de la Société de l'Industrie Minérale (*). Ne peut-on pourtant admettre que, dans certains cas tout à fait spéciaux, la dynamite au contact du charbon, agissant d'une façon moins brisante qu'elle ne le fait normalement, ne conserve pas cette précieuse immunité ? Quoi qu'il en soit, il est malheureusement trop rare de voir survivre à une explosion soit de grisou, soit de poussières, les auteurs mêmes de l'accident. Aussi, il me paraît intéressant de recueillir et de faire connaître leurs dépositions lorsqu'ils sont en
état de raconter les faits avec netteté. C'est du reste surtout par l'étude suivie des accidents que l'on arrivera
à mettre bien en évidence les propriétés curieuses du charbon à l'état extrêmement ténu, propriétés que les expériences de laboratoire ne sont pas toujours suffisantes bien déterminer. V) Voir les conclusions résumées supra, p. 618-619.