Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1886, série 8, volume 9)

280 ÉTUDE DES MOUVEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE

mètre porté par une suspension bifilaire, et sur lequel on dirigeait un rayon de lumière. Les mouvements relatifs du pendule par rapport au sol se trouvaient amplifiés, par ce dispositif, dans le rapport de I à 1.000. Le principal inconvénient avec lequel on a à lutter au Japon, quand on emploie des instruments délicats, provient des trem-

blements de terre, qui arrêtent ou dérangent la marche des chronomètres ordinaires. Un autre inconvénient résultait du vent, qui ébranlait le bâtiment dans- lequel mes pendules étaient suspendus, et aussi, j'imagine, le sol par l'intermédiaire de quelques arbres avoisinants. Une giboulée de pluie n'était pas non plus sans effet sur les microphones. Après de longs mois d'observations pénibles, et élimination faite des trépidations qui pouvaient être dues à ces influences locales, mes expériences démontrèrent, dans leur ensemble, l'existence de petits mouvements du sol, se produisant chaque jour et se répétant souvent même plusieurs fois dans une mème journée. « J'ai tiré grand profit, pour l'interprétation des indications diverses fournies par les sismographes, de ce que je pourrais appeler une ceinture de cartes postales. Yedo est en ce moment bloqué de cette manière : toutes les villes, dans un rayon de 160 kilomètres, étant munies d'un correspondant qui signale, au moyen d'une carte postale, chaque secousse perçue. « On a reconnu de cette manière que, pour les mois d'octobre et de novembre, toutes les secousses ressenties à Yedo venaient du nord, à peu d'exceptions près, et se dirigeaient ensuite vers le sud-ouest. Chose remarquable, ces mouvements s'éteignaient brusquement à la rencontre d'une haute chaîne de montagnes, car les villes situées au delà ne signalaient jamais aucune secousse.

« Ces faits constatés, la ligne des cartes postales fut reportée plus au nord. On a pu de la sorte circonscrire entièrement le foyer de plusieurs tremblements de terre, pendant que d'autres ont été suivis jusque sur le rivage même de la mer. Pour ces derniers, il n'y avait pas à songer à reporter plus loin les postes et nous avons dû nous contenter des indications de nos instruments. « Connaissant les centres de nos tremblements de terre, il serait possible d'établir sur l'un ou sur plusieurs d'entre eux, des appareils indicateurs.On saurait ainsi bientôt, si les petites trépi-

,dations du sol peuvent faire présager les secousses plus Vin'

ET DES DÉGAGEMENTS DE PRODUITS GAZEUX.

281

lentes, de la même manière que les craquements d'une poutre fléchie en annoncent la rupture prochaine. « On pourrait rendre ces expériences encore plus complètes en établissant, à côté des instruments microsismiques, des gravimètres propres à déceler l'existence de marées de l'écorce. Je parle de ces marées, parce que, si elles existent, et, au point de vue géologique, elles auraient déjà une importance suffielles seraient plus prononcées, et partant plus faciles sante, à mesurer dans un pays, comme le Japon, où 1 écorce est demeurée relativement chaude, et peut-être encore plus ou moins plashque, qu'en Angleterre, par exemple, où l'activité volcanique est depuis longtemps éteinte et où les roches sont comparativement froides et rigides.

« Ceci supposerait, bien entendu, que l'on possédât un instrument assez délicat pour accuser les variations dans l'intensité

de la pesanteur qui proviennent de l'éloignement du sol et de son rapprochement alternatifs du centre de notre globe, à chaque passage de ces marées. »