Annales des Mines (1887, série 8, volume 11)
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SUR LA CONSTITUTION DES MORTIERS.
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
En dehors de ces plages isolées on ne Toit qu'une masse blanchâtre, à peine translucide, sans action sur
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la lumière polarisée, qui ne présente aucun indice apparent de cristallisation. Ce caractère négatif n'a aucune valeur ; nous avons vu, en effet, que le plâtre hydraté constitué par l'enchevêtrement de longues aiguilles de gypse cristallisées présente la même apparence. C'est que ces cristaux sont très déliés et que dans l'épaisseur d'une plaque mince, il s'en superpose un grand nombre orientés dans toutes les directions. Nous verrons tout à l'heure qu'il en est de même pour le ciment. Enfin, au milieu de cette masse, on aperçoit de place en place les squelettes des plus gros grains de ciment, reconnaissables au fondant ferrugineux qui s'est conservé presque inaltéré et qui donne encore le contour des cristaux de silicate de chaux totalement transformés. Les lamelles hexagonales dont sont hérissées les briquettes de ciments atteignent parfois plusieurs millimètres; il est donc facile de les détacher pour les étudier. Les angles de ces lamelles, mesurés sur la platine tournante du microscope, sont très exactement de 600. Deux angles consécutifs d'une semblable lamelle ainsi mesurés ont été trouvés égaux à 59° 52' et 590 36', nombres différant de 60° de moins de 1°, erreur possible avec le procédé de mesure employé. La double réfraction suivant l'axe est très faible, irrégulière, il n'existe pas de direction d'extinction. En lumière convergente, on observe
très nettement la croix noire. Ce sont des cristaux uniaxes et négatifs. Leur analyse chimique a donné les nombres suivants Poids de matière.
.
Ca 0 HO
Si02 (par différence).
0°,062
0°,088
0°,243
0°,183
71,0 27,4 1,6
70,3 23,0 6,7
64,5 18,5 17,0
73,6 22,6 3,8
100,0
100,0
100,0
100,0
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On voit donc que c'est de l'hydrate de chaux souillé par un peu de silicate dont la présence peut contribuer à
donner, suivant l'axe, une double réfraction faible qui
est tout à fait nulle dans l'hydrate de chaux pur. La façon même dont les plages cristallines sont répandues dans la masse du ciment, leur absence de contours cristallins, montrent bien que l'hydrate de chaux cristallise en englobant et soudant tous les éléments étrangers qu'il renferme, de même que le carbonate de chaux dans la calcite de Fontainebleau englobe le sable au milieu duquel il a cristallisé. Les dimensions relativement considérables de ces cris-
taux, rapprochées de la faible solubilité de l'hydrate de chaux, font voir que la production de ce corps est le résultat d'une réaction très lente qui ne peut être la simple hydratation de la chaux vive. En suivant l'accroissement de ces cristaux, on constate facilement qu'il se prolonge pendant plusieurs mois. La masse amorphe, qui constitue la partie la plus importante des ciments pris, peut être étudiée comme pour le plâtre, en suivant. au microscope la marche progres-
sive du durcissement. Quelques précautions spéciales sont nécessaires pour éviter la décomposition des sels calcaires hydratés, tant par l'eau en excès que par l'acide carborique de l'air. Je prends une plaque mince de ciment collée sur un verre porte-objet et j'attache dessus sans le coller un verre mince, puis j'immerge le tout dans de l'eau de chaux étendue de son volume d'eau, en ayant soin de mettre dessous la plaque de ciment. En retirant de temps en temps cette plaque et l'examinant au microscope, on suit facilement la marche de l'hydratation. Au bout de deux ou trois jours, on aperçoit tout d'abord de larges cristaux à double réfraction énergique; c'est l'hydrate de chaux. En outre, le ciment est parfois tout hérissé d'aiguilles extrêmement fines n'ayant guère