Annales des Mines (1887, série 8, volume 12)
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LES EXPLOSIONS DE LocomonvEs
GROUPEMENT DES ACCIDENTS. La première chose qui
frappe à l'inspection de ces tableaux, est qu'en général, les accidents ont leur origine localisée dans certains éléments de la chaudière, et se groupent autour d'un nombre très restreint de circonstances principales. La division même de la nomenclature ci-dessus met ce double fait en évidence. Les explosions de l'enveloppe qui, en France et
en Angleterre, sont en majorité des explosions du corps cylindrique, ont le plus souvent pour causes des sillons de corrosion ou de fissuration intérieure, suivant les lignes sujettes à ces genres d'avaries ; les ruptures du foyer consistent soit en écrasements du ciel, à la suite desquels on constate fréquemment des vices de construction, soit
en déchirures des joues latérales ou de la face d'arrière par ruptures d'entretoises ou corrosions du côté du peu. Voici, sur les causes habituelles de chacune de ces catégories d'explosions, les observations que présente
M. Vinçotte. Ces remarques permettront de rendre compte de la manifère dont les explosions de locomotives se développent dans les parties qu'elles affectent, et d'examiner les raisons pour lesquelles il n'est presque pas d'explosion, proprement dite, qui prenne origine dans les
autres parties.
I. EXPLOSIONS DE L'ENVELOPPE.
Ces explosions
sont ordinairement la conséquence de corrosions en sillon ou de fissurations, provoquées les unes et les autres par les phénomènes de flexion; parfois, mais beaucoup plus rarement, elles sont le résultat d'une corrosion générale. Corrosions en sillon. Lorsqu'une tôle recouverte d'une pellicule d'oxyde est soumise à une flexion (et l'on verra plus bas dans quelles circonstances il en est ainsi pour la tôle d'une enveloppe de locomotive), silos fibres
qui travaillent à l'extension s'allongent au delà d'une certaine limite, la pellicule d'oxyde se crevasse, et des
EN FRANGE, EN BELGIQUE ET EN ANGLETERRE. 401
parties de fer sont mises à nu. C'est un phénomène analogue à celui qu'on observe lorsqu'on soumet à un essai de traction une éprouvette oxydée, expérience dans la-
quelle le détachement de l'oxyde se produit sous une charge qui doit être fonction de la ductilité de la tôle, de l'adhérence et de l'épaisseur de l'oxyde, et qui est, d'ailleurs, supérieure à la limite d'élasticité. Que la tôle de chaudière supposée soumise à une flexion capable de produire, par suite de l'extension des fibres
superficielles, un décapage de ce genre, se trouve au contact d'un agent chimique d'oxydation, les parties mises à nu s'attaquent ; et, si une cause systématique répète les mêmes effets, une corrosion croissante va bien-
tôt se manifester. À supposer qu'a l'origine les efforts fléchissants portent d'une manière égale sur une zone assez étendue, la corrosion elle-même aura bientôt pour effet de localiser les flexions ; de sorte qu'après formation d'une rigole d'une certaine largeur ou d'une série de sil-
lons parallèles, l'un des sillons s'approfondira seul et d'autant plus rapidement. Tel est le mécanisme de la formation des corrosions en
sillon, auxquelles on peut rapporter avec certitude ou vraisemblance l'origine de 33 explosions de corps cylindriques, ,parmi les 47 accidents de ce genre mentionnés dans nos tableaux descriptifs. Les faces planes de l'enveloppe du foyer présentent parfois aussi, à leur partie inférieure, le même genre d'altérations. Cette corrosion
par flexion est, selon l'expression de M. Vincotte, « le plus grand ennemi de la locomotive ». « Elle a, dit-il, ce triple caractère de se développer rapidement, de former de grandes lignes de cassure, et de rester invisible tant qu'elle n'a pas percé toute la tôle ou que la chaudière n'est pas démontée. » Il semble que l'agent chimique d'oxydation, nécessaire à la production du phénomène qui vient d'être décrit, doive