Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1887, série 8, volume 12)

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NOTE SUR L'EMPLOI DE L'AIR COMPRIMÉ

comprimer à chaque coup pour que la température, qui aurait dépassé 250 degrés, fût réduite à 20 ou 25 degrés, et cet effet se produisait dans le .cylindre en moins d'un tiers de seconde, ce qui est la condition sine qua non pour le bon travail des pompes, car une fois dehors du cylindre, il est tout à fait inutile de refroidir l'air comprimé, Les busettes peuvent être nettoyées en deux ou trois minutes, et, comme il yen a deux pour chaque extrémité, elles

ne nécessitent pas d'arrêt de la pompe pour ce nettoyage. Si nous comparons maintenant les résultats obtenus par ces nouvelles pompes à injection d'eau pulvérisée, aux béliers et aux pompes à piston liquide, nous constatons que pour les béliers le bénéfice est énorme, et que pour les pompes à piston liquide qui ne pouvaient donner que seize coups utiles, le bénéfice quant au volume des pompes est de dix contre un si les pompes nouvelles peuvent faire cent soixante coups utiles par minute ; c'est, en effet, ce qui avait lieu. Les tableaux des surfaces occupées par une pompe a piston liquide indiquent au Fréà'us : à Bardonnèche 241/12,34, à Modane 161'12,50, tandis que, au Gothard, celles d'Air*

et de Goeschenen, plus puissantes, étaient à Goeschenen 21'12,24, et à Airolo 21112,08. On n'aurait pu loger à Goes-

chenen , où on disputait le terrain à la Reuss et à la mon. tagne à pic, sept pompes à piston liquide comme celles qui fonctionnaient à Modane.

J'avais ainsi donné le premier exemple de pompes comprimantes à grande vitesse, qui ne réchauffaient pas l'air par la compression. L'eau pulvérisée injecte dans le cylindre et l'emploi le ma busette d'injection avaient résolu le problème de la manière la plus satisfaisante. Il a été construit bien des pompes depuis lors d'après mon système, et on peut affirmer qu'elles forment aujourd'hui la majorité des appareils qui se construisent pour des travaux importants de percement de longs tunnels.

POUR LE PERCEMENT DES LONGS TUNNELS.

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Lorsqu'il s'est agi plus tard d'étudier des pompes de ce système pour le tunnel commencé sous la Manche, à Sangatte, on n'a pas hésité à prendre modèle sur les pompes d'Airolo . Un ingénieur s'était rendu sur place ,et, après l'examen, il avait reconnu que c'était bien là le modèle à suivre.

J'ai reçu de M. Say, président du conseil du chemin sous la Manche, la demande de faire le projet de cette installation, et les constructeurs, MM. Louis Sautter, Lemonnier et Cie, l'ont adopté- avec une légère modification, qui ne portait que sur le nombre des cylindres, quatre cylindres au lieu de trois. Il fut constaté, dans les expériences faites pour la ré-

ception de ces machines, que ces pompes rendaient le 88,7 p. 100 sous une pression de 8 atmosphères. L'installation de Sangatte a reçu la visite de nombreux ingénieurs, et on avait creusé plus del idlomètre de tunnel sous-marin par ce procédé, jusqu'au moment où le Parlement anglais est intervenu pour faire suspendre les travaux sur la côte anglaise, et par suite sur la côte française. Ce sont là les titres principaux qui m'avaient valu de recevoir une médaille d'or à l'Exposition de 1878 à Paris, et qui en 1885, au mois de décembre, ont engagé mes scollègues de l'Académie des sciences à me faire la sur-

prise de me décerner le prix Fourneyron, pour avoir démontré le premier (dès 1852) que l'on peut excaver des tunnels avec une grande économie de temps et d'ar-

gent par l'air comprimé, et pour avoir donné au Gothard l'exemple de mes compresseurs à très grande vitesse, avec injection d'eau pulvérisée, ou le réchauffement de l'air est réduit au dixième de sa valeur primitive dans le temps très court d'un tiers ou d'un quart de seconde. On peut dire que, depuis 1852, tous les longs tunnels ont été percés par l'air comprimé et que les pompes de ,compression à grande vitesse tendent à se rapprocher ,de plus en plus des modèles du Saint-Gothard.