Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1888, série 8, volume 13)

LES RÉGULATEURS

Dans une machine à vapeur parfaitement réglée, on peut faire varier le travail de l'atelier depuis un maximum

jusqu'à zéro, et cela brusquement, sans que la vitesse s'écarte de plus de 1 à 2 p. 100 en plus ou en moins de sa vitesse norniale. Nous avons posé toutes les règles à suivre pour y arriver. Mais nous avons montré la nécessité d'avoir un volant

d'autant plus fort que l'on voulait avoir une régularité plus grande. Dans les régulateurs électriques, le volant de courant

électrique est pour ainsi dire nul, et c'est là une des grandes difficultés des distributions d'électricité. Il en résulte que si l'on supprime brusquement une partie sensible des lampes ou des machines réceptrices, le courant est exagéré jusqu'à ce que le régulateur ait agi. Or, cette action ne durerait-elle qu'une seconde, c'est déjà trop si les lampes à incandescence reçoivent un courant exagéré pendant ce court espace de temps. Doit-on alors chercher

à rendre l'action des régulateurs extrêmement rapide? Assurément non, car ils seront alors exposés à dépasser leur nouvelle position d'équilibre et à tomber dans des oscillations funestes. On a bien proposé les accumulateurs comme volants ;

c'est une solution, mais elle est coûteuse ; de plus, les accumulateurs ne donnent pas la même différence de potentiel que celle qui leur est nécessaire pour se charger ; cette solution est donc imparfaite au point de vue de la régularité, à moins d'employer des commutateurs automatiques qui n'ont pas plus de rapidité d'action que les

régulateurs. Le véritable volant d'électricité, pour les courants continus, serait le condensateur; mais il est impossible d'y avoir recours à cause des dimensions énormes qu'il faudrait lui donner.

Il en résulte que les régulateurs électriques doivent être employés de préférence dans les grandes distributions

DANS LES DISTRIBUTIONS. D'ÉLECTRICITÉ.

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d'électricité. Dans une grande ville, en effet, les lampes ont

beau s'allumer ou s'éteindre à la même heure à peu près, il n'en est pas moins vrai que cela ne se fait pas au même

instant, pendant la même minute. Il en résulte que le régulateur a tout le temps d'agir et il peut donner alors d'excellents résultats. On peut même, dans ce cas, l'assujettir à avoir des déplacements lents ; c'est une bonne condition pour éviter les oscillations désordonnées. Pour plus de sûreté, on place à côté un rhéostat à la main sur lequel le mécanicien peut toujours agir en cas de besoin ;

il ne s'en sert que rarement, surtout en cas d'avarie du régulateur. Mais si les régulateurs sont une bonne solution pour le cas des grandes distributions, nous n'avons encore décrit aucun système pour les distributions de peu d'importance et exposées à des variations importantes et brusques dans la consommation de l'énergie électrique. Heureusement, la solution de cette importante question a été trouvée, il y a quelques années, par le savant électricien dont nous avons déjà parlé, M. Marcel Deprez.

Cette solution, c'est l'autorégulation des machines dynamos, par un double enroulement de fils sur les inducteurs et sans le secours d'aucun appareil régulateur. Cette invention de M. Deprez est une des plus importantes qui aient été faites en électricité, comme l'a fait remarquer M. le professeur Ayrton, et elle a été si vite généralisée que la plupart des dynamos construites pour éclairage particulier d'usines sont à présent basées sur ce système. Nous allons dire quelques mots de ce système sous le titre d'autorégulation des machines dynamo - électriques.