Annales des Mines (1888, série 8, volume 13)
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118 RAPPORT SUR L'EXPLOSION D'UNE CHAUDIkRE
difficile de recourir à l'hypothèse d'actions thermo-électriques ; enfin que l'appareil travaillait d'une façon inter-
mittente, ce qui constitue une des conditions connues d'usure relativement rapide par oxydation. Les conclusions de M. l'ingénieur ordinaire sont que
l'explosion est due à un affaiblissement de la tôle du
fond ; le constructeur a employé une tôle mal soudée et des entretoises trop faibles ; mais ces raisons sont insuffisantes pour mettre sa responsabilité en cause. Quant à l'entrepreneur, il n'a commis aucune contravention; car les appareils de ce genre ne sont soumis à
aucune surveillance préventive, comme il appert d'un arrêt de la Cour de cassation du 29 octobre 1885. Il y a lieu d'ajouter que les visites des agents d'un service de surveillance n'auraient pas permis de constater les dangers résultant de l'usure des entretoises et du fond plat, et en résumé il n'y a pas lieu d'intenter de poursuites contre l'entrepreneur. Avis de l'ingénieur en chef. Pour M. l'ingénieur en chef Pouyanne, l'explosion est uniquement due à l'usure
des entretoises; leur rupture a amené sur le fond plat une charge brusque, à laquelle il n'a pu résister. Il y a lieu d'émettre le voeu que les appareils de ce genre soient soumis à la réglementation des chaudières motrices de bateaux. C'est, d'ailleurs, une disposition qui figure dans le projet de décret actuellement à l'étude sur la navigation maritime.
Avis du rapporteur. L'explosion du 2 août 1886 montre une fois de plus le danger des fonds plats, lorsqu'ils sont insuffisamment consolidés et mal entretenus. L'insuffisance de consolidation résulte du diamètre relativement faible (18 millimètres) des entretoises, de leur espacement un peu trop accentué (20 centimètres), et, en
DANS LE PORT DE PHILIPPEVILLE (ALGÉRIE). 119
outre, de la distance de la dernière rangée inférieure au point le plus bas du fond plat, distance dépassant 30 centimètres. Le défaut d'entretien est rendu patent par les corrosions de la tôle du fond plat et par celles des entretoises. Au point de vue des responsabilités encourues, la qualité de la tôle du fond plat paraît devoir être mise hors de cause ; les essais par traction ont été très satisfaisants, et les efforts subis par la tôle qui s'est rompue ne permettent pas d'attribuer les traces de feuilletage observées à un défaut de soudure primitif. L'insuffisance des entretoises, quoique réelle, n'est pas non plus, dans l'opinion du rapporteur, là cause déterminante du sinistre. Il faut la chercher exclusivement dans le défaut d'entretien et de visite intérieure soignée d'un appareil datant de dix ans et soumis à des chômages prolongés. Il convient d'émettre, une fois de plus, le désir que les constructeurs se servent d'entretoises perforées, dont la rupture est facile à constater, et dont l'emploi est recommandé par la pratique journalière des locomotives de chemins de fer. En conséquence, le rapporteur a l'honneur de soumettre à l'approbation de la Commission centrale l'avis suivant
L'explosion du 2 août 1886 est due au mauvais état d'entretien de l'appareil qui s'est rompu. Le fond plat postérieur et les entretoises destinées à le consolider étaient fortement corrodées ; des visites intérieures soignées auraient permis de constater ces corrosions. L'usure du fond plat et de ses entretoises était d'autant plus dangereuse que le diamètre des entretoises était primitivement -trop faible (18 millimètres) et leur espacement trop grand (20 centimètres).
Se référant à son avis en date du 5 octobre 1886,