Annales des Mines (1888, série 8, volume 14)
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EMPLOI DES EXPLOSIFS EN PRÉSENCE DU GRISOU. 239
COMMISSION DES SUBSTANCES EXPLOSIVES.
mais on arrive rapidement à des substances ne détonant
qui ne détonent point par elles-mêmes ou qui produisent.
plus. Nous avons donc renoncé à de semblables mélanges.
des
Coton-poudre et azotate d'ammoniaque. Nous avons alors eu recours aux mélanges de coton et d'azotate d'am. moniaque. MM. Sarrau et Vieille ont fait une étude complète du mélange contenant 60 p. de coton endécanitrique et 40 p. d'azotate d'ammoniaque, dans lesquels l'oxygène de l'azotate suffit, avec un très léger excès, pour achever la combustion complète du coton. Les cartouches fabriquées, il y a quelques années, au Moulin-Blanc avec cette composition ne détonaient pas ou détonaient mal. Nous avons fait fabriquer à Sevran de nouvelles cartouches en employant, soit le cotonpoudre de guerre titrant 205"de bioxyde d'azote, soit un coton beaucoup moins nitré titrant seulement 173.
Les cartouches contenant 30 parties de coton de guerre et 70 parties d'azotate ont enflammé deux fois sur trois. Les cartouches contenant 20 parties de coton de guerri, et 80 parties d'azotate, ont enflammé une fois sur deux. Une cartouche contenant 35 parties de coton à 173 et
65 d'azotate, a enflammé le grisou. Les cartouches contenant 20 parties de coton à 173 et 80 parties d'azotate n'ont pas enflammé le gaz. Les sept expériences faites en produisant la détonation assez franche avec deux amorces de 1gr,5 sont concordantes. Il semble donc que les cartouches contenant sur 100 parties, 20 parties de coton faiblement nitré, présentent .une assez grande sécurité. Il est permis de penser qu'on assurera mieux encore la sécurité, sans compromettre la détonation au moins en vase clos, en diminuant encore la proportion de coton. En résumé, il résulte nettement de nos expériences qu'on peut, en mélangeant à un explosif des substances
effets
de détonation moindres que l'explosif lui-
même, atténuer en quelque sorte la puissance de celuici, et fabriquer ainsi des explosifs binaires qui, tout en produisant des effets mécaniques suffisants , ne provoquent plus, au moins dans la grande majorité des cas, en détonant sans enveloppe, l'inflammation des mélanges grisouteux qui les entourent.
Nous appelons aussi l'attention sur un point important. Avec les explosifs simples, tels que la dynamite, l'inflammation du grisou, si l'explosif est susceptible de la produire, se produit toujours à coup sûr. Pour certains mélanges binaires, les phénomènes paraissent aussi bien constants; mais pour beaucoup d'autres, l'inflammation, en quelque sorte capricieuse, peut se produire tel jour et manquer tel autre. Nous verrons plus tard comment on peut expliquer cette singularité.
Recherches théoriques. Mode d'inflammation spécial des mélanges grisouteux. Deux des membres de la Sous-Commission, dans des recherches antérieures (*), ont évalué à 650° environ la température d'inflammation du grisou. Mais les mêmes observateurs ont fortement insisté sur le retard considérable à l'inflammation que peuvent présenter les mélan-
ges de grisou avec l'air ou même avec l'oxygène. Ce retard est naturellement d'autant plus grand que la température à laquelle est porté le mélange diffère moins de 650'; à cette température même le retard peut atteindre une dizaine de secondes. V) Mallard et Le Chatelier. des mélanges gazeux explosifs. P.274 (1883).
Recherches sur la combustion Annales des mines, 8* s., t.IV,