Annales des Mines (1889, série 8, volume 15)
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EXPLOSION DE 22 CHAUDIÈRES A VAPEUR
AUX HAUTS FOURNEAUX DE FRIEDENSHÜTTE.
série d'observations, il conclut que les essais à la presse hydraulique demandent à être faits avec des soins tout particuliers pour présenter des garanties complètes de sécurité, et peuvent même, s'il en est autrement, consti-
par des fuites d'eau et de vapeur à quelques-unes des
tuer un danger en augmentant, sans qu'on s'en aperçoive, des défauts déjà existants ou en en créant de nouveaux. C'est peut-être ce qui est arrivé dans les dernières épreuves des chaudières de Friedenshütte. Notons encore que ces chaudières avaient eu depuis lors le temps de subir de nouvelleS avaries, en raison de leur manque de solidité que les réparations n'avaient qu'im-
parfaitement corrigé, du service très rude auquel elles étaient soumises, et des efforts spéciaux supportés par les rivures à la jonction des tôles de nature différente qui constituaient leurs corps principaux.
En un mot, nous sommes porté à croire, et en cela nous ne faisons que partager l'avis unanime des ingénieurs allemands, qu'a la veille de la catastrophe, les générateurs des hauts fourneaux de Friedenshütte étaient extrêmement fatigués, et par conséquent exposés à sauter tous ensemble, dès qu'une circonstance quelcon-
que viendrait rompre l'état d'équilibre instable de tout le système. Cette circonstance, nous la trouvons dans l'explosion même de l'une des chaudières ; un accident de ce genre n'aurait eu probablement que des conséquences limitées
s'il était survenu à une batterie de générateurs solide, convenablement ménagée et bien entretenue ; dans l'espèce au contraire, il pouvait et devait amener les suites les plus redoutables. Comment cette explosion initiale s'est-elle produite ?
chaudières, et elle a échafaudé sur cette hypothèse toute une théorie que sa complication et son originalité excessive rendent invraisemblable. On peut encore invoquer un abaissement particulier du niveau de l'eau, par suite de déperdition ou de manque d'alimentation ; il en serait
résulté une altération rapide, et enfin la rupture d'une ou de plusieurs rivures ; la coloration bleue des tôles inférieures des chaudières n" 6, 7 et 12, s'expliquerait de cette manière, mais on peut l'attribuer aussi à des surchauffes locales provenant d'un feu intense et facilitées par des dépôts intérieurs ; de plus, si l'eau avait manqué, l'explosion première aurait été peu énergique et sa transmission aux autres chaudières plus difficile. Quant à l'influence de l'amincissement des tôles, il n'y a pas lieu de s'y arrêter ; les épaisseurs de construction étaient largement suffisantes : les corps principaux travaillaient à raison de 3 kilogrammes seulement par mil-
limètre carré en pleine tôle et de 5 kilogrammes dans les rivures, les bouilleurs à raison de 2kil,5 et de 4 kilogrammes ; l'usage avait peu altéré les épaisseurs et ces chiffres n'étaient presque pas dépassés ; enfin aucune
déchirure n'a été constatée dans les parties les plus corrodées.
Selon nous, la première explosion a été occasionnée, comme toutes celles qui en ont été la conséquence, par
le mauvais état de la chaudière qui en a été l'objet. L'exemple de ce qui s'est passé au mois de mars 1886, montre que sous la seule influence de la pression intérieure et dans les conditions ordinaires, les chaudières de Friedenshütte étaient exposées à se rompre. On est
À cet égard, on en est réduit à des conjectures. Nous avons
donc fondé à croire que, dans la nuit du 24 au 25
déjà dit que nous ne croyons pas à l'inflammation d'un mélange détonant d'air et de gaz combustibles, même sous un seul générateur ; l'association silésienne pense que la formation d'un pareil mélange a pu être favorisée
juillet 1887, l'une d'elles s'est déchirée brusquement ; en éclatant, elle a détruit la conduite générale de vapeur, et exercé en même temps sur les chaudières contiguës des chocs latéraux qui, à cause du peu de solidité de ces