Annales des Mines (1890, série 8, volume 17)
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Antagonisme prétendu des grandes Compagnies. Si ces compagnies locales ont de la peine à se former et à prospérer, si le réseau n'a pas pris tous les déve-
loppements désirés, c'est, dit-on souvent, la faute des grandes compagnies. On reconnaît bien itn petto leurs services, mais il est si commode de suspecter leurs intentions, de leur prêter des idées d'ambitieux accaparement ou de mesquine jalousie, de les accuser de ne vouloir laisser aucune petite puissance grandir à côté d'elles, qu'il faut un certain effort, même à de bons esprits, pour échapper à ces lieux communs. Raisonnons un instant. On ne leur conteste du moins ni l'intelligence ni le souci de leurs vrais intérêts. Or, ces intérêts, il s'en faut bien souvent qu'ils soient en oppo-
sition avec celui des entreprises dont nous parlons. Si leur prospérité (plus ou moins réelle) a souvent excité des jalousies, si elle a fait parfois trop facilement éclore l'idée de créer des concurrences surtout aux quelques artères maîtresses qui soutiennent seules le poids de trop nombreuses lignes peu productives, de faire à côté d'elles des lignes qui ne peuvent vivre que de ce qu'elles essaieront de leur enlever
et, dans ce cas, on ne saurait
s'étonner qu'elles se défendent contre ces tentatives par contre, dans la grande majorité des cas, leur intérêt est non seulement conciliable, mais plus ou moins intimement lié avec celui de petits réseaux complémentaires du leur, qui le prolongent, à la façon des racines et radi-
celles amenant la vie au tronc, et qui, par la flexibilité de leurs tracés, de leurs moyens, de leurs méthodes, pénètrent dans les régions où les grandes lignes ne peuvent raisonnablement pénétrer. Dans ce cas, pourquoi la grande compagnie leur marchanderait-elle son concours ? 0
Constitution actuelle des ellen. ins de fer départenzep
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Plaçons-nous donc dans l'hypothèse (qui ne s'est pas toujours réalisée jusqu'ici) d'un département abdiquant toute idée d'hostilité contre un grand réseau dont il apprécie les services, mais qui le dessert insuffisamment à son gré, et animé seulement du légitime taux.
désir de développer la prospérité des diverses parties de
son territoire et de les relier, par -les moyens les plus économiques, les plus rapides et les plus sûrs, à la grande artère qui le traverse.
Ce problème qui s'impose, l'a-ton résolu de la meilleure façon par le système de concessions actuellement
en honneur dans un grand nombre de départements? Nous ne le pensons pas. Et dès lors, il n'est peut-être pas inutile d'exposer les moyens qui nous sembleraient susceptibles de .mieux conduire au but, en faisant un meilleur emploi, dans l'intérêt de tous, des sacrifices que s'imposent les départements et l'État. Le système actuellement adopté est, avec quelques variantes, le suivant Le département ne prend jamais une part directe à la construction ni à l'exploitation des lignes d'intérêt local. S'inspirant de l'exemple de l'État quand il a constitué les grands réseaux d'intérêt général, il fait choix parfois malheureusement au rabais d'un concessionnaire qui se charge de la construction d'abord, puis de l'exploitation pendant une période nécessairement longue, variant de 99 à 75 ans.
Le concours qu'il lui donne est parfois une subvention ferme, représentée par une annuité déterminée à servir pendant un certain nombre d'années ; cette annuité, le concessionnaire la transforme en argent comptant, dont il à besoin, en la transférant soit à un établissement de crédit, soit, quand il le peut, et c'est la plus avantageuse des solutions, à la grande compagnie à laquelle il se relie
et dont il utilise ainsi le crédit. Une fois la ligne con-