Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1890, série 8, volume 18)

DANS L'OURAL.

550 NOTES SUR L'INDUSTRIE DE L'OR ET DU PLATINE

priétés soumises à ce régime portent le nom de propriétés possessionnées.

On peut citer comme exemple l'important district de Nijni-Taguil possédé par la famille Demidoff. Ce district, qui mesure 692.150 hectares de superficie, n'est qu'une partie des anciens territoires donnés par Pierre le Grand

au premier des princes Demidoff. Les titres précis qui furent délivrés plus tard, n'accordaient explicitement que le droit d'exploiter le fer ; les coupes des forêts devaient être réglementées par la Couronne, et l'exploitation était grevée de charges dépassant de 50 p. 100 celles

qui frappaient les usines établies dans des propriétés particulières. En fait on exploita en outre du fer, le cuivre, puis l'or et enfin, au commencement de ce siècle, les gisements de platine sans que le droit en fut jamais contesté. Les coupes autorisées par la Couronne dépassant celles que permet une exploitation rationnelle des forêts, les possesseurs jouissent en définitive des mêmes droits que s'ils étaient les véritables propriétaires du sol. Il y a un projet d'achat définitif pour le district de Nijni-

Taguil ; le prix de vente serait le capital dont les intérêts correspondent au surplus d'impôts payés. Ces surtaxes n'atteignent pas l'extraction de l'or qui n'est frappée dans les propriétés possessionnées comme dans toutes les propriétés des particuliers que d'un impôt proportionnel de 3 p. 100 sur la production.

L'or retiré de tous les gisements doit être livré au Gouvernement qui frappe la monnaie et remet aux exploi-

tants la valeur de ce qu'ils ont fourni, déduction faite de l'impôt de 3 p. 100 ou, pour les propriétés de la Couronne concédées, de la redevance proportionnelle stipulée dans l'acte de concession.

L'industrie du platine est au contraire libre de tout impôt. Le Gouvernement s'était réservé pendant quelque

temps le monopole de la purification de ce métal et il

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avait même essayé d'en frapper des pièces de monnaie. Cela n'a pas duré et tout le platine de l'Oural est librement vendu sur les marchés de Londres ou de Paris. Dans les propriétés dont nous venons d'indiquer la nature, l'exploitation des gisements et le traitement des minerais se font par deux modes de travail différents. Dans le premier, le propriétaire exploite par lui-même,

installant des appareils desservis par un personnel de surveillants et de manuvres qu'il dirige ou fait diriger. Dans le second, il abandonne à des ouvriers volontaires ou starateli l'exploitation d'un gisement déterminé, après avoir conclu avec eux un marché. Ces ouvriers doivent lui apporter tout l'or qu'ils auront recueilli et reçoivent pour le poids d'or qu'ils apportent un prix fixé d'après un marchandage préliminaire.

Le premier mode de travail s'applique exclusivement aux gisements primitifs, le traitement des quartz aurifères serait en effet une opération un peu trop compliquée pour l'abandonner aux starateli. L'extraction de l'or et du platine des gisements alluvionnaires est au contraire une opération simple ; des appareils primitifs suffisent pour laver les minerais avec un rendement satisfaisant et les paysans peuvent s'en servir sans l'aide ni la surveillance d'aucun ingénieur. On se trouve donc là dans des conditions propices au développement d'une organisation de travail à la tâche, telle que celle que nous venons d'indiquer plus haut, organisation que favorisent encore l'étendue des districts et la dissémination des gisements.

L'exploitation directe exige des frais de premier établissement et des frais généraux relativement considérables. Les starateli, au contraire, s'établissent facilement

dans les parties reculées des forêts de l'Oural où ils trouient toujours des pâturages pour leurs bestiaux et leurs chevaux, du gibier en abondance et où peuvent