Annales des Mines (1890, série 8, volume 18)
Page : Image 347
Révision de 27 déc. 2014 07:53:46, edited by Anonymes
644 L'INDUSTRIE ,MÉTALLURGIQUE DANS SES RAPPORTS
ront examinés plus loin en détail, stipulent que le métal ne doit pas prendre la trempe, et doit par suite être privé de la propriété essentielle attribuée autrefois à l'acier. Il y a eu là une confusion de nom, contre laquelle on a long-
temps cherché à réagir, mais en faveur de laquelle l'usage a prévalu. Le métal employé aujourd'hui pour le laminage des tôles et des profilés de la marine est du
fer fondu et n'est pas de l'acier. Nous continuerons néanmoins à lui donner ce dernier nom, sous lequel il est couramment désigné. La coque du navire, envisagée au point de vue le plus général, et en laissant de côté la terminologie propre à la construction maritime, est composée de trois éléments distincts : le horde', enveloppe étanche qui, supportant l'effort des vagues, constitue l'essence même du navire; la membrure, formée d'une série de fermes métalliques perpendiculaires, à quelques exceptions près, au grand axe du navire et supportant le bordé ; enfin les ponts qui formant les divers étages du bâtiment contribuent aussi
pour leur part à assurer la rigidité de la construction. L'assemblage de ces trois éléments donne lieu à de nombreux problèmes dont la solution est plus intéressante pour l'ingénieur de la marine que pour le métallurgiste. Outre le bordé, la membrure et les ponts, viennent s'intercaler aujourd'hui toute une série de consolidations et de cloisons destinées à atténuer, autant que possible, les funestes conséquences d'une avarie, et à permettre en même temps une meilleure utilisation de la capacité du navire. Cette étude nous entraînerait trop loin.
Il est par contre intéressant d'examiner dans quelle proportion les tôles et les divers profilés entrent dans la construction des coques , quelle variété de profils et quelles dimensions extrêmes les ingénieurs de la marine demandent aujourd'hui aux forges qui en assurent l'approvisionnent, quel est enfin le travail auquel ces divers
AVEC LES CONSTRUCTIONS NAVALES.
645
produits métallurgiques sont soumis, et quelles sont les
conditions de réception et d'épreuves qui en sont la conséquence.
Pour répondre à la première de ces questions qui rentre surtout dans le domaine de la statistique, nous avons pris cinq types de navires, tous de construction récente ; les trois premiers appartenant à la marine de commerce et
les deux derniers à la marine de guerre. Ce sont : 1° la Touraine, le plus grand des paquebots de la compagnie Transatlantique dont le lancement a eu lieu au mois de ours dernier. Ce navire, affecté au service postal rapide entre Paris et New-York, peut être considéré comme le dernier type des navires à grande vitesse et à grandes dimensions ; 2° le Maréchal Bugeaud, appartenant à la calme compagnie, actuellement en armement pour le service rapide entre la France et l'Algérie ; 3° l'Espagne, paquebot à hélice de 2.800 chevaux indiqués, construit pour la compagnie des Transports maritimes, par la compagnie des Forges et chantiers de la Méditerranée ; 4° et 50011 garde-côte cuirassé et un croiseur cuirassé, choisis parmi les types plus récents adoptés par le Ministère de
la marine et dont le nom importe peu à notre démonstration.
Nous avons alors en laissant provisoirement de côté la quille et les pièces de forme spéciale (étrave, étambot,
cadre de gouvernail, etc.) qui s'ajoutent à l'avant et à l'arrière du navire, et en négligeant aussi les rivets, dont il sera question plus loin, dressé le tableau ci-dessous, indiquant l'importance relative du poids de la tôle, des cornières, des divers profilés et des fers marchands pour les cinq types choisis.